Profiter du temps qui reste
Avant de revenir de
nouveau cet été sous les traits de Terminator, notre bon vieux
Schwarzy fait une légère escale dans le milieu du cinéma
indépendant américain et dans un registre complètement inédit, le
drame.
Dans le Midwest, une
ado est contaminée par un virus qui transforme lentement ceux qu'il
frappe en zombie cannibale. Son père refuse de l'abandonner. C'est
une terrible épreuve au dénouement tragique qui les attends.
Maggie
est une œuvre que l'on peut difficilement qualifier de film
d'horreur, et même de genre zombies, tellement le propos du film
nous prend à revers. Premier long-métrage réalisé par le
britannique Henry Hobson, designer de métier (a notamment réalisé
le générique de films tels que Blanche neige et le Chasseur,
Rango, et même de jeux vidéos dont l'excellent The Last
of Us), Maggie est un pur film dramatique. En effet, point
de gore ni d’archétype simpliste, stéréotypé et véhiculé par
le genre (groupe de survivant cherchant un endroit pour se
réfugier... Vu des milliards de fois), Hobson se concentre de la
plus belle des manières sur la relation poignante entre un père
fragilisé (Arnold Scwarzennegger) et sa fille infectée (Abigail
Breslin).
Il
est important de souligner l'imagerie sombre du film, en raccord avec
le contexte et l'effet dramatique que veut amener le réalisateur à
travers l'écran. Un rapprochement stylistique proche d'autres films
post-apocayptique âpre et terne comme La Route ou Les Fils
de l'Homme. Ici les teintures de gris pèsent sur le sentiment de désolation et de fin du monde. Autre influence notable, The
Last of Us, avec cet impression de désespoir total où rien ne
sera plus du tout comme avant. La réalisation est dans cette mouvance
réaliste, sobre et quasi documentaire, se concentrant
essentiellement sur ses personnages au comportement humain et
s’intéressant donc à la détresse d'une cellule familiale face à une situation plus qu'insupportable.
La
vraie surprise de ce film c'est la présence d'Arnold Schwarzenegger.
Mon scepticisme des premiers instants à laissé place à une
évidence totale dans ce choix de casting. Certes, son rôle est
quasi mutique, pour semble-t-il masquer les carences au niveau de son
jeu mais sa sobriété est d'une classe totale. Et puis merde, la
larmes Schwarzeneggerienne existent, et ça, ça vaut tout l'or du
monde. Lui qui fut Mister Univers, cette énorme montagne de muscles,
figure indescriptible du cinéma d'action qui se retrouve finalement
dépassé par le temps. Arnold représente parfaitement ce
personnage, ce fermier à la carrure imposante mais vieillissante. Un
rôle qui démythifie sa carrière. Cette ancienne figure quasi déifié se retrouve ici incapable de sauver sa progéniture Il
est finalement comme nous, un simple humain auquel la vie nous bouffe
de jour en jour. Abigail Breslin, qui pour son jeune âge dispose
déjà d'une filmographie solide, nous montre une fois de plus sa
palette complète d'actrice en devenir.
Maggie
est une œuvre cryptique portée par un grand Schwarzy. Sa
photographie grise et terne correspond à la thématique sombre du
film, à savoir le deuil familial. Il n'est plus difficile de voir son
enfant mourir sans ne rien pouvoir faire, mais parmi la noirceur du film, une scène, pure,
véritable et par la même d'autant plus tenace avec ses couleurs
chaudes, nous rappelle à quel point il faut cependant profiter du
temps qui reste.
Francis
Hustler
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