Nouvelle venue dans l'équipe du DWARF, M.W-N partage en ce jour du seigneur son point de vue concernant cette certaine tendance à casquer un peu trop hâtivement un cinéma "qui forcément déplaît" à l' "élite" se réclamant d'une certaine "cinéphilie". Trop facile selon elle...
Il est vrai que le cinéma français
est décrié aujourd'hui pour une raison assez sous-jacente, c'est
que nous attendons beaucoup de lui. La France, considérée comme la
terre-mère de l'histoire du cinéma à l'instar des Américains avec
Thomas Edison, se repose sur ses lauriers depuis plusieurs paires
d'années selon certains. Il est bien évident que si nous attendons
un nouveau Lumière ou un nouveau Méliès, il faut s'accrocher. Pour
ainsi dire, vous ne trouverez nulle remarque élitiste de ma part
mais bien réaliste, eux sont morts, laissons la place aux vivants.
Comme on dirait dans le jargon
courant : "L'espoir fait vivre". Alors laissons
supposer que le cinéma français peut être encore un espoir et donc
un espace vital. Nous allons donc étayer ce point de vue.
Prenons par exemple un film que
quelques personnes dites « cinéphiles » ont honte
d'avoir vu un jour dans leur vie ou au contraire n'ont jamais vu,
mais diront de ce film qu'il est bon à jeter aux oubliettes sans en
avoir goûté la saveur.
Je parle pour ainsi dire d'un film
français à succès qui suscite une certaine polémique : Bienvenue chez les Chtis
(réalisé par Dany Boon).
Je ne suis pas là pour choquer mais pour poser un fait. Si ce film a
eu du succès, ce n'est en aucun cas parce que la majorité des gens
qui sont allés le voir ne connaissent pas le « vrai »
cinéma français, ou encore que le cinéma français a baissé en
regard critique. Et je pourrai ajouter d'autres sempiternelles
phrases toutes faites. Moi qui ai vu le film, je peux avouer au
risque de me faire radier de la société des « cinéphiles »
que je l'ai apprécié en tant que bon film. Il ne méritait pas non
plus un succès proéminent (quoiqu'il le mérite peut-être bien
plus que La Famille Bélier réalisé par Éric
Lartigau : consensuel
et affligeant pour les sourd-muets),
mais il est très agréable à visionner. C'est assez subjectif bien
sûr, mais nul ne fait de critiques totalement objectives. J'ai
apprécié ce film pour la simple et bonne raison qu'il est simple,
et au delà de faire passer un bon moment, il est généreux. Il
réussit à être drôle tout en s'éloignant de certains clichés
(même si tout le monde sait qu'il en faut pour toutes choses), et
réussit à être touchant. Il est très certainement loin d'un
Visconti, je vous l'accorde. Il n'y a pas beaucoup d'apports
esthétiques comme dans un Guépard, mais je crois
bien que pour éviter toutes critiques négatives envers ce genre de
films, il faudrait revoir l'éternelle césure que nous nous amusons à
créer entre "CINÉMA POPULAIRE" et "CINÉMA D'AUTEUR", ou si vous voulez "CINÉMA INDUSTRIEL" et "CINÉMA DE L’INTELLIGENTSIA".
Si Bienvenue chez les Chtis
est détesté par certaines personnes, je peux tout à fait le
concevoir. Il a été réalisé pour un fait précis et que Dany Boon
ne vienne pas nous dire le contraire : SE VENDRE. Mais ceux qui
se trouvent derrière la caméra ne sont pas réellement les fautifs,
nous en faisons partie également. A trop vouloir ranger dans des
cases, faire des castes, nous finissons par oublier l'essentiel du
cinéma à mon sens : LA VIE. Afin d'enlever cette image de
bipolarité qui nous colle à la peau, le maître-mot c'est OSER.
Comme quelques films étrangers que nous trouvons plaisants à
regarder, nous occidentaux, il faut OSER. En osant, même le MAUVAIS
aura du BON. Et Dieu seul sait qu'aujourd'hui, nous avons du
modéré...
Le cinéma français est considéré
comme assez vide et souvent comparé au cinéma américain. Seulement
je ne savais pas qu'un 22 jump street bien que très agréable à regarder était
bien mieux qu'un Connasse : princesse des coeurs, tout
aussi agréable. Je compare très certainement l'incomparable mais je
joue aux mêmes jeux que certains quand il s'agit de comparer un film
américain et un film français. Le rapport n'est pas tout à fait le
même entre ces deux industries. L'une a de l'argent, l'autre
beaucoup moins, et je m'efforce à trouver du bon partout. Parfois,
le cinéma français échoue en tous points comme Lucy
de Luc Besson qui est le
symbole d'un cinéma d'usine sans scénario, sans réalisation, sans
acteurs, sans RIEN. Mais ne nous attardons pas trop là-dessus. Je
voudrais parler positivement aujourd'hui et je ne voudrais pas vomir.
Documentaire de 1947 pour la défense du cinéma français. |
Revenons donc à cette histoire
étonnante entre le cinéma américain et le cinéma français qui
débute après la seconde guerre mondiale. Les salles françaises qui
ont connu un essor cinématographique avant la guerre notamment avec
le début du cinéma parlant se voient obligées de se soumettre à
un régime américain. Le Conseil supérieur de la cinématographie
(décret du 30 août 1931) créé par Maurice Petsche (gouvernement
Pierre Laval) voulant « combattre l'immoralité et la
concurrence excessive d'Hollywood » n'a plus aucun pouvoir
depuis bien longtemps, et l'interdiction des films américains
divulguée en 1939 doit disparaître en 1946 au vu des accords
Blum-Byrnes pour régler les dettes de la France au sortir de la
guerre. Cette dernière signe les accords et accepte désormais de
n'utiliser que 4 semaines sur 13 pour la diffusion de ses films. En
réaction, les autorités françaises créent le 25 octobre 1946 la
CNC (centre national de la cinématographie) afin de protéger le
patrimoine : voilà de quelle façon naît cette grande histoire
de haine, et d'amour. Et lorsque nous croyons que quelques acteurs
français sont connus aux États-Unis, nous nous trompons. J'ai mené
ma petite enquête fut un temps. Marion Cotillard et Jean Dujardin
inconnus au bataillon et Gérard Depardieu connu seulement pour avoir
assisté (traduit en « participé » par le Time) à un
viol à 9 ans. Seule Juliette Binoche s'en sort indemne de cette
grande bataille, mais elle n'est connue que par l'élite américaine.
Pour en revenir au cinéma français,
je vous présente un film très astucieusement réalisé par Yann
Gozlan, et mené délicatement par Pierre Niney et Ana Girardot :
Un homme idéal. Bon nombre d'entre nous, et j'avoue en avoir
fait partie, voulaient boycotter ce film pour le simple fait de ne
pas voir la tronche de Pierre Niney sur grand écran, de ne pas voir
un énième film avec un titre similaire aux autres et de ne pas
subir un thriller psychologique à la française avec en prime des
« Tu as vu l'effet, je suis un réalisateur super
intelligent ». C'est vrai, nous raisonnons ainsi, et parfois
c'est fort dommage lorsque par hasard, nous sommes amenés à voir un
bon film. Pierre Niney s'effaçait au point de devenir son
personnage, et je croyais très fortement au thriller psychologique
que j'avais devant les yeux. J'ai vu chacun des effets amenés, et à
aucun moment j'ai senti la supériorité du réalisateur face à moi.
Il m'amenait dans ma propre intelligence pour faire résonner en moi
quelque chose de profondément intéressant. Mais par dessus-tout,
laissez-moi vous affirmer que LE CINÉMA FRANÇAIS N'EST PAS TOTALEMENT
MORT :
... et MAESTRO s'en est très bien
chargé.
Réalisé par Léa Fazer, et écrit par
cette dernière et Jocelyn Quivrin, il répond d'ailleurs très bien
à la problématique.
Si le CINÉMA POPULAIRE et le CINÉMA D'AUTEUR se rencontrent, qu'en est-il du CINÉMA (français) ?
De l'OR à l'état pur, de la VIE.
C'est la rencontre entre Henri fan de
Fast and Furious et Cédric Rovère, monstre sacré du cinéma
d'auteur. Tout les sépare en surface mais ceci n'est qu'un cliché
vite rompu parce qu'en vérité tout les lie. Henri et Cédric Rovère
sont pour ainsi dire la personnification de ces deux cinémas que
tout oppose. "Les contraires s'attirent" certes, mais là il ne s'agit pas de contraires, mais bien d'un
cinquante cinquante que nous additionnons pour faire cent. C'est une œuvre qui rend hommage à
Jocelyn Quivrin et à Eric Rohmer, disparus tous deux en 2009-2010 à
quelques mois d'intervalle. Rajoutons que c'est une œuvre qui rend
hommage au cinéma (français) et qui doit se perpétrer : une
porte ouverte donc à un cinéma, je l'espère, plus grand, qui
reliera et les fréquentations des Cinémas d'Art et d'Essai et
celles des Cinémas à "pop-corn" : « Verlaine,
what else ? ».
Parce qu'il n'y a que nous (je parle
bien d'humains et non de français) pour catégoriser parfois
hâtivement. Il faut regarder avec bienveillance et ne jamais oublier
que Beckett n'a jamais voulu être considéré comme un auteur de
l'absurde ou que Picasso a survolé les mouvements qu'il créait pour
les éviter. Anton Tchekhov dira dans Les Lettres
: « Les œuvres d’art se divisent en deux catégories : celles qui me plaisent et celles qui ne me plaisent pas. Je ne connais aucun autre critère. ».
Donc
arrêtons de
nous dire "cinéphiles".
Nous aimons juste le cinéma. Un point c'est tout.
M.W-N
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