08/01/2014

CRITIQUE : LE LOUP DE WALL STREET (The Wolf of Wall Street - Martin Scorsese - 2013)

ENTRE CHIENS ET LOUPS

Le 25 décembre 2013 est sorti Le Loup de Wall Street de Martin Scorsese. Alors vrai cadeau de Noël ou pas ? Car Noël peut être aussi l'objet de pas mal de surprises. On demande une PS4 à sa grand-mère et on ne reçoit en retour qu'une paire de chaussettes. 


Et bien le dernier Scorsese n'est ni l'un ni l'autre. Explication...




Martin Scorsese retourne chez les truands mais change d'envergure. Les gangsters sont désormais des courtiers en bourse, de véritables voyous de la finance. Au départ Le Loup de Wall Street est un livre de Jordan Belfort racontant son ascension puis sa chute. Il fut d'ailleurs condamné à 36 mois de prison pour détournement de fonds et blanchiment à la fin des années 1990. A travers les 3 heures, le film dépeint la vie d'un homme bouffi par l'argent, la drogue, le sexe,... Bref, tout ce qui rendrait addictif n'importe quel être humain (mis à part peut-être les hippies, les bouddhistes, les dépressifs, les raëliens et Bernard Henri-Lévy).

Malgré sa durée incroyablement longue, on est nullement lassé et ce grâce à l'efficacité de la mise en scène et du montage qui réussissent à maintenir le niveau de plaisir. Quelques passages de moindre importance sont tout de même magnifiés par des idées de mise en scène et d'écriture. Simple exemple, la séquence dialoguée entre Jordan Belfort (Leonardo DiCaprio) et Jean-Jacques Saurel (Jean Dujardin). En plus de l'utilisation de la voix-off qui exprime le véritable fond de pensée des personnages, la caméra est placée face à l'acteur. Ainsi ce plan dit subjectif nous implique directement, au contraire d'un plan plus classique où les comédiens seraient filmés de ¾. Scorsese joue beaucoup avec le spectateur et ce dès le début du film, car c'est la première personne à qui s'adresse directement Jordan Belfort. On retrouve vraiment le style de Scorsese qui a fait sa renommée dans les années 90, dans Les Affranchis ou encore Casino. Le scénario fut d'ailleurs écrit par Terrence Winter, créateur de la série Boardwalk Empire et ancien scénariste de la série culte, Les Soprano. Autre bonne idée de mise en scène est celle où le même événement est réinterprété deux fois par le héros principal, une fois a jeun et l'autre sous substance. Ces idées permettent de booster la narration et développent également un effet comique et grotesque.

Car oui, Le Loup de Wall Street est avant tout un film tourné vers la comédie. On est même proche de la potacherie. Il suffit de voir les seconds rôles, très caricaturaux voir grossiers mais ceci est légitime via procédé narratif (l'histoire est racontée subjectivement par le personnage principal). Pratiquement tout est porté sur la gaudriole, mais avec subtilité. On n'est pas dans American Pie non plus. De plus, cette volonté de longueur et d'excès du film peut être également interprété comme une volonté d’écœurer le spectateur, car pratiquement rien n'est écarté ni caché à l'écran. Il est d'ailleurs surprenant que le film, aux États-Unis comme en France, a réussi à passer entre les gouttes de la censure.


     Le film est à la fois très illustratif et très plaisant à regarder (et je ne dis pas ça parce qu'il y a beaucoup de nichons à mater hein, ne vous méprenez pas) mais ne développe malheureusement pas assez la vacuité de l'argent et notre comportement à travers celui-ci. Tout le problème du film vient de là : il est dénué d'un certain jugement de valeur. C'est bien ça le problème, une certaine absence de critique morale dans les frasques des personnages, laissant trop (?) de place à la comédie potache.

Pour autant, Le Loup de Wall Street est-il superficiel ? Non, loin de là. À travers le long-métrage, Martin Scorsese ne donne pas de solution, mais montre surtout que le système financier n'a pas bougé depuis, et ce quoi qu'on en dise. Le film reste néanmoins une brillante peinture de la vie des courtiers en bourse notamment grâce à son casting absolument génial. Depuis quelques années déjà, mais surtout depuis Django Unchained, Léo se lâche totalement dans ses choix de carrière et tient des rôles de plus en plus "borderline", mis à part peut être dans Mensonges d’État de Ridley Scott et dans Gatsby le Magnifique de Baz Luhrmann. Le petit Léo enrichit sa palette de film en film et il se rend, selon moi, d'autant plus attachant. Fini le petit garçonnet propre sur lui-même ; c'est devenu un homme, un vrai. Va falloir vous y faire les filles. Et le reste ? Comme je l'ai dit auparavant, les seconds rôles sont caricaturaux mais demeurent néanmoins emblématiques, tels Matthew McConaughey en mentor, Jonah Hill en associé et meilleur ami ou encore Rob Reiner dans le rôle du père de Jordan. Seul Kyle Chandler ne tire pas son épingle du jeu. Dommage.


      Du pur spectacle, très illustratif, mais néanmoins dénué d'un certain intérêt critique qui selon moi mériterait amplement d'être évoqué. A mon avis, Le Loup de Wall Street ne sera jamais aussi symbolique que la sortie du Wall Street d'Oliver Stone (même si celui-ci n'est également pas exempt de défaut). Une chose est sûre, ce n'est pas le meilleur Scorsese, mais il reste néanmoins d'une qualité supérieure à la plupart des productions cinématographiques actuelles. 

Roland aka Francis Hustler

1 commentaire:

  1. Les films intéressants et à regarder sont à mon avis https://voirfilms.zone/ Ici, il y a un site pour regarder une variété de films sans problème et entièrement gratuit

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