QUAND J.J. A TUE JAR JAR...
Nul doute que la sortie événement allait susciter moult réactions au sein de notre collectif et que cette nouvelle guerre de l'étoile allait provoquer une énième bataille cinéphilique.
Alors on inaugure une nouvelle flopée de critiques résumant à peu près, si on les concentre, toutes les qualités et les défauts de cette nouvelle entreprise initiée et surtout "marketée" par l'empire Disney. Si vous ne l'avez pas encore vu, je vous conseille son visionnage pour vous forger votre propre avis... Je vous avertis juste en toute honnêteté que notre suite d'articles contient des spoilers, dont certains portent sur des passages clés. Il est parfois utile de dévoiler l'intrigue pour pouvoir rentrer dans l'analyse. Excusez-nous à l'avance du désagrément.
Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture, éventuellement un bon film et surtout un joyeux Noël.
LA-BAS, DANS LES ETOILES, LA GUERRE PASSE COMME UN SOLEIL
Avant de commencer, je tiens juste à revenir sur mon attachement envers la saga de tonton George. J'adore Star Wars, j'ai grandi avec. Au cinéma tout d'abord, avec les rééditions de 1997 (oui je sais, je suis né à la mauvaise période). Mais à la télévision également. Dès que les films passaient sur les chaînes hertziennes, j'étais devant l'écran, jouant avec les figurines Kenner que j'ai d'ailleurs, toujours gardées. Enfin durant l'hiver, je n’hésitais pas à les visionner de nouveaux grâce aux cassettes enregistrées. Et puis dévorer des yeux L'Empire Contre Attaque avait une saveur toute particulière à cette période. Moi le petit gars des Vosges, jouant dans la neige, rêvant d'être Luke Skywalker combattant l'Empire sur Hoth.
Et puis j'ai grandi. Malheureusement ce fut également le cas de la saga. L'insouciance a disparu, laissant place à tout ce qu'il y a de plus horrible dans la prélogie : Jar Jar, les chorégraphies grandiloquentes et ridicules au sabre laser, les intrigues politiques maladroites... J'en ai encore des frissons. Même si je tentais plus ou moins à me convaincre d'aimer l'épisode I, II et III, non, rien n'y fait. Le plaisir n'était plus le même. L'attachement a quasi disparu. La colère, elle, omniprésente.
Depuis l'annonce du rachat de Lucasfilm par Disney, je m'attendais au pire. Je tiens à souligner qu'au fond de moi-même, je déteste particulièrement cette major. À peine rachetée le 30 octobre 2012, la firme aux grandes oreilles annonçait déjà la sortie d'une nouvelle trilogie dans les années à venir. Je m'étais alors dit à l'époque, comme une certaine façon à me motiver et ainsi éviter de tomber dans la faiblesse du fan service, de boycotter tout film issu de la licence. Je n'ai pas tenu parole et j'ai bien fait.
Trente années après la destruction de l'Étoile de la mort, Luke Skywalker, le dernier Jedi en vie, a disparu. Le Premier Ordre, né des ruines de l'Empire Galactique, fouille la galaxie pour le retrouver, tout comme la Résistance, force militaire liée à la Nouvelle République, dirigé par Leia. Celle-ci envoie son meilleur pilote afin de retrouver la carte menant à Luke.
Mon dieu que ça fait plaisir de voir un Star Wars aussi bien réalisé ! J.J. Abrams est un formidable technicien et le démontre à travers le long-métrage. Il y a moult plans iconiques, référencés (entre autres: Apocalypse Now de Coppola, Le Triomphe de la volonté de Leni Riefenshtal) et véritablement au service d'une mise en scène efficace. Les scènes d'actions sont lisibles, les combats au sabre laser sont simples mais ultra efficaces. Que demander de plus ?
Et puis il est arrivé quelque chose d'incroyable que je n'imaginais plus voir dans la saga, les acteurs n'ont ici pas un balai dans le fion comme feu Hayden Christensen. #RIP. Enfin pour sa décharge il faut quand même souligner que George Lucas était plus intéressé par ses logiciels que ses acteurs. Dans Le Réveil de la Force, le casting est impeccable. D'ailleurs, Daisy Ridley (Rey) est LA véritable révélation du film. Elle éblouit chaque plan, tenant tête autant aux anciens qu'aux nouveaux. C'est de loin le meilleur personnage féminin de la saga. De plus c'est un joli tour de force (haha!) de la part d'Abrams d'imposer un tel personnage dans le rôle principal d'un space opéra. Quant aux autres petits nouveaux, notamment John Boyega (Finn) et Oscar Isaac (Poe Dameron), ils ont tous leurs moments de gloire. Même Adam Driver (Kylo Ren), acteur de bas étage et néandertalien de base, s'en tire avec les honneurs. Et que dire de BB-8, le nouveau droïde sensation de la saga, si ce n'est qu'on a tout simplement envie d'acheter le même modèle. Merde je retombe en plein fanatisme mercantile.
Mais ce qui fait le plus plaisir à travers le long-métrage c'est de retrouver la qualité d'antan. Pas d'horribles déluges de CGI, ni de compositions numériques dégueulasses. Abrams nous l'avait promis, on peut sentir le film, le toucher. Il a bien tenu parole. Tout est sincère. Il suffit de voir la séquence sur la planète Takodana avec son panel de races extra-terrestres digne de la cantina dans l'épisode IV. Le ton est même donné dès le premier plan : l'ombre d'un gigantesque vaisseau cachant progressivement une planète. Sublime. De plus le fan service n'est pas abusif (mis à part le plan furtif sur le casque de Vador, assez inutile pour présenter la motivation de Ren) et arrive à compenser personnages cultes et petites nouveaux à l'écran. C'est bien simple, tout est cohérent, et ce sans mentionner une seule fois la prélogie de Lucas. Joli bras d'honneur J.J. !
Bien ouéj J.J. cela mérite un petit René Joly histoire de fêter ça
Roland aka Francis Hustler
Charlotte partage à présent sa critique plus timorée mais positive et construit une nouvelle analyse intéressante sur la renaissance du mythe...
BAL DES MASQUES
Le masque comme motif premier de la mythologie Star Wars, sa reconnaissance première (celui qui n'a jamais vu aucun film de la saga connaît Dark Vador, qui est devenu figure de l'inconscient collectif, presque nom commun). Et de nouveau dans ce nouveau volet, qui suit parfaitement dans sa forme les précédents, le masque dit celui qui cherche qui il est, d'où il vient, quelle route il choisira.
Ça commence avec des masques, dans la (chouette) présentation des deux nouveaux héros. On remarque, dans la masse anonyme de ses acolytes blancs, un stormtrooper un peu vacillant, à la démarche presque cartoonesque (dans une bande dessinée il serait accompagné d'un point d'interrogation ou d'exclamation. Je trouve que le film arrive bien à rendre cette dimension un peu théâtrale, un peu appuyée). Il est vite surligné d'une trace de sang sur son casque. Choqué par la mort. Sortant d'un coup de la masse robotique et uniforme. Il change donc de chemin, le fil scénaristique l'a choisi, lui qui est lambda – les meilleurs héros contemporains sont lambdas et ordinaires, c'est leur ascension qui va être tout l'intérêt de l'ensemble. Il refuse, ne sachant pas trop pour quoi au début, se trouve un compagnon, se voit baptisé : l'anonyme sort du lot, sa naissance a lieu sous nos yeux. Blouson d'un mort sur les épaules, il se sépare peu à peu de son costume de trooper après s'être crashé dans le désert – espace vierge parfait pour une renaissance, ou un début.
Rey "naît" aussi dans le désert, au milieu de carcasses de vaisseaux dont nous, familiers de l'univers, reconnaissons les contours. Héroïne de la nouvelle ère, fouillant les vestiges du passé. Elle est introduite en gros plan entièrement masquée elle aussi. Comme Finn, ça dit son caractère lambda (et facilement propice à notre identification de spectateurs), mais il ne suffira que de quelques instants pour dévoiler le visage derrière, et, plus tard encore, l'incarnation réelle de l'héroïne. Sa tenue est de la même couleur que le sable sur lequel elle évolue, habite, et qu'elle semble connaître comme sa poche.
Fatum
Comme tout héros, elle a un destin.
Éternel jeu de vie et choix de chemin : Star Wars est comme toutes les grandes histoires, contes ou légendes ; il présente la route d'un ou plusieurs héros affaiblis par un manque mais se révélant vite gonflés par une force profonde le conduisant vers son destin. Arthur, Ulysse, Blanche Neige ou qui vous voulez d'autre... Ici, il va s'agir de choisir le modèle familial ou de s'en éloigner, faire comme son grand-père; faire avec sa solitude et son instinct ; ou encore dire non au destin que les autres ont choisi pour soi.
Le Réveil de la Force, en bonne suite et mêmes ficelles, continue le schéma de la tragédie : le fatum comme pour Œdipe et ses potes antiques, va forcément s'abattre sur les personnages dont on suit les aventures, pantins accrochés à des fils desquels ils ne peuvent se séparer. Le fatum dit : Rey est l'élue, elle va croiser BB8 porteur de la carte de son futur; et avec Finn ils sont faits pour se rencontrer sur la route.
On nous a déjà servis cette tragédie, pas que dans Star Wars, les places, rôles et enjeux sont les mêmes, on a juste inversé quelques petites choses : un Vador bis dont la question n'est pas comment va-t-il sombrer du côté obscur, mais cédera-t-il à la lumière; de nouveaux orphelins, après Luke et Leïa, en recherche familiale, et dont le mystère les entourant reste entier à la fin de ce volet. Mêmes ficelles, mais ça marche. Parce que notre besoin de fiction de spectateur est comblé, parce qu'on ne s'ennuie pas une seconde, parce qu'on aime ces petits nouveaux. On a déjà vu ce genre de bar rempli de créatures bizarres jouant de la musique ? Pas très grave. C'est marrant. BB8 est un nouveau R2. Pas très grave, il est marrant, il va vite et il va bien avec Rey.
Autre figure du fatum : la bizarre Maze que Han Solo va trouver. Ses lunettes et le fait qu'elle "voit" au fond des gens selon Han, lui donne un peu une position d'oracle qu’Œdipe naguère a consulté. C'est dans ce lieu que Finn voudra renoncer à la direction qu'il a commencé à prendre (« Pars avec moi » dit-il à Rey), et que Rey trouvera le sabre laser, qui, selon Maze, l'a choisie elle. Des héros tout étonnés d'être héros, mais bien porteurs d'une force (qui dans Star Wars prend un grand F, mais qu'on peut comprendre avec son F minuscule). J'aime me dire que, même si c'est son destin, que c'est tracé, elle puise cette force, cette intuition, d'elle-même. Ce volet le laisse penser, car le mystère n'est pas soulevé. Cela donne beaucoup plus de poids et de charisme à l'héroïne.
Mythologie
Tragédie, et donc mythe. Comme dans Jurassik World, également suite d'une franchise passée dans l'inconscient collectif, Le Réveil de la Force est conscient de son propre mythe et le donne à voir. « Luke Skywalker? Ce n'est pas un mythe ? » dit Rey quand on évoque l'ancien jedi pour la première fois. Elle est aussi spectatrice que nous des précédents volets, et sert donc parfaitement de relais vers cette nouvelle aventure. D'ailleurs l'ellipse contenant les années écoulées entre l'épisode 6 et celui-ci nous est racontée par un ancien héros, Han Solo. Le plan qui le fait apparaître entouré des étoiles et planètes de l'hologramme projeté par le droïde dit bien – outre son aspect carte collector Panini :-) - ce caractère de mythologie, de récit, de conte.
Faire voir le mythe dans le mythe est une façon d'enclencher la transmission, de jouer de son propre culte, de faire saliver les fans les plus dingues, quand le réalisateur est lui-même spectateur et fan des précédents films.
On refait voler le Faucon Millénium par des nouveaux pilotes (même si Papi Solo is back); on trouve donc un nouveau Vador.
Mais pour perpétuer le mythe, il faut également une jeunesse admirative et en opposition, contre son héritage, ou juste aveugle de son propre horizon.
Tout re-marche, les motifs musicaux, les fondus lumineux, les blagues pourries de Solo ou de C3PO, le générique dans les étoiles. Bon, ouf, le new Vador n'est pas surligné à chaque entrée par son leitmotiv musical qui le précédait comme un toutou dans les anciens volets (c'était pas gênant mais juste marrant à revoir).
Si le tout marche, que je suis 100% reliée à la nouvelle cause de Rey, le film n'a selon moi pas assez de moments « de repos », avec lesquels il pourrait donner plus de densité à ses personnages et son intrigue. Par exemple, les retrouvailles de Han Solo et Leïa qui n'auraient pas du être réduites à une private joke d'Harrison : ils sont quand même porteurs d'un passé plutôt conséquent, ils ne sont pas là que pour dire coucou les ptits loups. On ne sait pas ce qu'il s'est passé pour que leur rejeton (assez moche au demeurant, mais bon) soit devenu ce qu'il est. Enfin, sachant qu'il y a des suites, les réponses vont très certainement venir.
Souhaitons que dans les prochains, le repos trouvera sa place, car, même si comme on l'a dit, les nouveaux héros ressemblent à d'autres, ils méritent qu'on s'attarde un peu plus longuement sur eux (dans la forme aussi, pas que dans le fond), car, habillés presque comme leurs imposants ancêtres (la tenue blanche/beige de Rey, voir celle de Padmé dans l'arène, et celle de Leïa après euh avant elle) ils ont aussi leur propre chemin à faire, jeunesse triomphante et prometteuse, et correspondent à notre contemporain, qui a besoin de consistance pour sa nouvelle mythologie.
CHARLOTTE
On termine avec une critique plus sceptique, celle de votre serviteur, qui ne rejette pas toutes les bonnes intentions du film mais déplore sans manque d'ambition, symptôme d'une époque trop nostalgique et peu créative... un peu à l'image du réalisateur.
ABRAMS, VISIONNAIRE OU VISIONNEUR ?
Star
Wars, chapitre VII :
la
série continue et ne
serait plus
envers et contre tout.
Les
critiques sont quasi unanimes : le pari de Disney de relancer la
machine à rêves (et à blé) a
réussi à
toucher sa cible.
Le marketing bat son plein et
triomphe.
La nouvelle génération, celle de twitter,
a semble t-il des étoiles dans le yeux et
réclame les nouvelles figurines ;
l'ancienne génération, celle du minitel, est aux anges et
se voit rajeunir de 30 ans ; quant à ma
génération sacrifiée
qui
s'est
prise une prélogie dans la
face
est
soulagée
de voir
enfin
sur grand écran quelque chose de digne
estampillé Star
Wars,
sans créatures numériques, sans
(trop de)
tunnels de dialogues
démonstratifs absurdes et de side-kick aussi insipide
qu'infantilisant. Roland
a déjà partagé son élan nostalgique et sincère ci-dessus.
Inutile d'enfoncer
les portes ouvertes.
Cahier à charges
Alors
oui,
le nouveau Star Wars fait visiblement
du bien et caresse le wookie dans le sens du poil.
Mais
J.J.
Abrams
sincèrement pouvait-il
passer à côté ? Il
a totalement
obéi à
un
cahier des charges dressé depuis des années par tous les fans de
la saga. Et Dieu sait que
ce genre d'argument
communautaire
prévaut sur tout.
Ce
que ne voulaient plus les fans de Star Wars : George Lucas et tout
ce qui éloignait la prélogie de la trilogie originale. Abrams, sa
productrice Kathleen Kennedy et son équipe n'avaient plus qu'à
prendre des notes et "refaire" ce qui avait été
détruit par les ambitions démesurées et maladroites - devons-nous
dire "maladives" ? - de son créateur originel.
A
la vue du nouveau film, on peut se rendre à l'évidence, et à
moins d'être d'une naïveté confondante ou d'une mauvaise foi
vicieuse, que le
processus de création ne fut guère compliqué. L'univers était
déjà en place, bien
épuré
de ses niaiseries et revêtu
de
ses oripeaux fantasmatiques.
Certes,
c'est beau. Mais tellement convenu. Doit-on
réellement s'en réjouir sans tiquer un
minimum
et relever le moindre défaut sur
l'édifice ?
Je
ne pense pas ; j'éprouve même une certaine incompréhension
face aux critiques très élogieuses de ceux qui se prétendent les
plus grands fans de Star
Wars.
Alors,
je vous fais part de cette incompréhension, quitte
à transformer le beau cadeau adressé aux fans en fumisterie bien
opportuniste du même niveau baveux qu'un Jurassic
World et
consorts...
Ce
n'est même pas une attaque "trollesque" faite au film
de J. J. Abrams que
de dire cela
car
ledit film lui-même ne
s'en cache pas. Comme
l'a souligné Charlotte ci-dessus,
l'épisode VII assume
son caractère de "remake" déguisé en suite / hommage
et
craint de ne pas être à la hauteur. La
caractérisation de
Kylo Ren repose
sur cette idée. Il
s'angoisse
de ne pas être suffisamment
du côté obscur pour
incarner son rôle de nouveau
méchant
de
la saga...
Il
nous apparaît (trop) rapidement
comme
un sous Dark Vador fragile et colérique, tandis que son grand-père
faisait preuve de sang-froid, de distinction et surtout
d'originalité. Devrais-je établir le même parallèle entre le
jeune épisode
VII et son grand père l'épisode IV ? Je ne m'en priverai pas,
ledit parallèle étant flagrant.
Hommage et paresse
Le
film se situe entre ces deux extrémités, entre
l'honnêteté et la facilité. Forcément, le tout est réchauffé au micro-ondes.
Tel le mal-aimé Jurassic
World,
ce nouveau film est un ersatz gonflé aux hormones et
dopé au fan-service.
On y
voit exactement
les mêmes choses que dans l'original mais en "plus grand" :
la copie bigger than life de l'étoile noire, le
Palpatine bis pour
macrophile,
la
cantina,
la destruction multiple
des planètes de
la
République (une
façon implicite de tuer celle
dévoilée dans
la prélogie... oui,
certes : ce ne sont pas exactement les mêmes planètes, mais
l'image reste la même),
les références au IIIème Reich... Et
quand on ne les voit pas, il y a forcément un personnage qui fait
une référence « fan service » (un
petit clin d’œil à la scène de la soute à ordures de la part de
Han Solo, ça ne mange pas de pain...)
Pourtant,
ça marche. Le
film fait le job. Incontestablement.
Il fonctionne vraiment et possède un vrai charme intrinsèque, et
pas seulement dû aux souvenirs nostalgiques laissés par l'ancienne
trilogie. Je serais de mauvaise foi que de cracher dans la soupe et
je me suis surpris à ressentir (parfois) une belle émotion devant
Le
Réveil de la Force.
Mais
passé les premiers effets de l'anesthésie euphorisante qui m'ont
fait apprécier le visionnage, je ne sais vraiment
pas
si tout ce jeu valait une telle chandelle. Un
bon divertissement pour Noël ; mais un bon film ? Plus
j'y repense, plus il me
semble
superficiel, pour
ne pas dire superflu,
et digne du cinéma de notre époque : mortifère.
A
croire qu'on ne recherche plus à innover et l'on se complaît sans
arrêt à admirer les mêmes figures, noyées dans le formol.
Recontacter
le vétéran Lawrence Kasdan, scénariste de L'Empire
contre-attaque,
l'épisode
le plus sombre et novateur de l'ancienne trilogie, est
alléchant sur le papier, mais
je me demande encore pourquoi ? Clairement,
tout a été brimé dans ce film dès l'écriture.
On l'a dit et redit, mais le
script
ne prend jamais la peine de sortir des sentiers déjà battus par Un
Nouvel Espoir.
C'était sans doute dans la note d'intention d'Abrams de limiter au
maximum les risques de déplaire aux fans : ne jamais les
surprendre et leur proposer du déjà-vu à tous les niveaux. Donner
de la confiture aux cochons en somme et les forcer à apprécier
puisque, de toute façon, c'est ce que tout le monde voulait. Et
que c'est toujours mieux que la prélogie qui risquait tout et
surtout faisait n'importe quoi. Mais je me demande si le nivellement
par le bas rend service au film de Abrams...
Alors,
certes, il y a quelques
trucs qui
relèvent de l'inédit,
des rebondissements "inattendus",
un
robot mignon très
pixarien, des
plans de toute beauté, une technicité assez artisinale
et
quelques
révélations préservées
par cette
intrigue.
Mais
toutes ces petites trouvailles ou
détails
font un
peu
office de poudre aux yeux et ne sauraient pourtant pas combler les
nombreux trous narratifs qui viennent littéralement pirater la
cohésion de l'ensemble.
Ou
même remettre en cause des postulats pourtant toujours respectés au
sein de la diégèse Star-Wars. Par exemple, la force qui s'attrape
comme un vilain rhume... sans aucun effort. Tandis que Luke Skywalker
pour devenir un jedi a eu besoin de trois films, deux maîtres jedis,
deux duels contre Dark Vador et a perdu le
bras droit
par
dessus le marché,
notre nouvelle héroïne du nom de Rey a acquis tous les pouvoirs de
la force grâce au triomphe de la volonté, en cinq minutes chrono,
après que Han Solo (dans le rôle tenu par Obi-Wan dans Un Nouvel
espoir) lui ait assuré que
ladite
force
existait.
Bien
sûr, il n'y avait qu'à se baisser pour la ramasser. Bien
sûr, on va nous dire que les suites vont combler ses défauts
narratifs... Mais depuis quand un bon film a besoin de ses suites
pour prouver sa valeur ?
Le style Abrams
L'épisode
IV avait beau avoir un scénario assez neuneu, au moins il possédait
une incontestable fluidité narrative.
Certes,
il n'y a aucune gravité que Abrams reste Abrams, c'est à dire un
bon technicien très nostalgique et toujours préoccupé à
satisfaire les attentes du public. Mais il les satisfait,
il ne les provoque
pas comme Steven Spielberg, son idole, ou même George Lucas en son
temps.
J.J.
Abrams n'est pas un auteur audacieux selon moi mais a toujours été
un bon exécutant désireux de refaire ce qui doit plaire, sans rien
bouleverser ni proposer quelque chose de nouveau. Il a certes un
style esthétique bien à lui ; largement critiquable au
demeurant. Sa
mise en scène ne se limite pas aux facteurs
de flare,
s'il n'y avait que ça, mais à une
science du zoom, dé-zoom abusive
et
gerbante couplée à l'art des mouvements de caméra incessants et
agaçants.
Même
mis en veilleuse, comme
dans son dernier film,
ses tics de réalisateur
maniériste
et maniéré ne
rendent
certes
pas
l'action illisible, mais
celle-ci
n'est
jamais portée
par un traitement
innovant et réfléchi.
Il
ne reste qu'un sentiment de grandiose et magnifique gâchis. Sans
être particulièrement laide ou scandaleuse, aucune
scène d'action de ce nouveau Star Wars n'est réellement
inoubliable. En dehors de quelques plans iconiques et parfois bien
sentis, le réalisateur peine
à poser une vraie tension dans les enjeux. Pour ne citer que cet
exemple, la bataille finale manque considérablement de souffle
épique et de suspens. Un comble, alors que les finals des épisodes
IV et VI, possédant quasi les mêmes trames narratives, en
débordaient. Les
héros
accomplissent leur mission spatiale les doigts dans le nez
(d'ailleurs,
Oscar
Isaac
est cool et charismatique dans son rôle de pilote de x-wing... mais
à part ça ?...) D'ailleurs,
à une seule scène près (et encore... scène assez prévisible),
on ne tremble jamais
pour le sort des protagonistes. Ils
traversent
le film sans le moindre effort, aidé en cela par la
Force, manière politiquement correct de désigner
des deus-ex machina gros
comme le derrière de Jabba.
Nostalgia, it's a trap !
Il
y a encore cinq petites années, on n'attendait
vraiment plus cette saga au cinéma.
On
pensait effectivement
être débarrassé de cette franchise.
Que
cet univers
était
mort et
enterré par son propre créateur, tonton George, qui n'en finissait
plus de massacrer numériquement une œuvre
qui ne lui appartenait plus, entraînant les
réactions
négatives plus
ou moins légitimes
des
nombreux "fans" de
l'univers Star Wars.
Il est toujours aujourd'hui impossible de regarder en blu-ray la
trilogie originale, à savoir, La
Guerre des Étoiles,
L'Empire
contre-attaque
et Le
Retour du Jedi
(nommons les films par leurs noms et non par des numéros de série)
sans subir leur maquillage numérique opéré à la truelle.
Quant
aux
réfractaires, tel Jean-Pierre Dionnet,
ils
pouvaient
se targuer
que le
territoire de la
science-fiction ne soit plus pollué par le sous-genre très
vorace
du space opera. Ils
pouvaient toujours rêver que le genre mûrisse à nouveau et
réemprunte
des terrains plus sérieux et sombres, notamment ceux laissés
par
le cinéma américain
des
années 70. Ironie
du sort, l'un des derniers fleurons fut le THX
1138 de
George Lucas, avant que le même Lucas détruise ce formidable élan
avec son histoire à la Flash
Gordon,
teinté de romance,
de
chanbara
et de mysticisme.
Et
les "fans", les vrais, n'avaient plus qu'à dénicher
des versions pirates sur le net de leurs épisodes favoris (un
indice : ils ne contiennent pas le chanteur du Moulin-Rouge)
sans risquer de croiser Jabba le Hut en CGI ou Hayden Christensen se
tapant l'incruste à côté d'Alec Guinness. Je vous conseille
d'ailleurs fortement de dénicher ses versions facilement trouvables
et de très bonne qualité pour ceux qui prennent un peu la peine de
chercher.
Ou
alors, faites dans la solution de facilité comme des millions de
spectateurs en ce moment-même et filez voir l'épisode 7 !
C'est sympa pour les fêtes...
Il
y a tout ce qu'il faut. C'est comme la Force selon Abrams, suffit de
se baisser pour la ramasser. Juste, prenez garde que Disney n'en
profite pas pour... enfin, vous savez quoi. Que la Force soit avec
vous ! Ou en vous.
Et
Joyeux Noël !
Mumu
j'aime beaucoup ton article, très bien, cet épisode est vraiment pourri!!!!
RépondreSupprimerC'est dysney star wars expurgé de star wars, il manque plus que les chansons, c'est creux, c'est mal joué, c'est mal doublé aussi d'ailleurs, plein plein plein de failles scénaristiques, c'est archi-fade, c'est pas bon.
Un site très cool pour regarder des films https://voirfilmstreaming.tv/ Vous devriez absolument le regarder et vous trouver les bons films à regarder, à cet égard c'est très cool
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