27/05/2014

LES GRANDS SUCCÈS DU CINÉMA INTROUVABLE (Dylan Pelot - 2014)

DU BIS FAÇON DIDICHE

Une œuvre encyclopédique et totalement foutraque par un amoureux du 7ème Art que n'auraient pas renié Plonk & Replonk.



Un cinéma littéralement introuvable, à part dans l'esprit malade d'un maléfique feu follet dopé à la Rico et aux roulées. Un cinéma que l'on ne trouvera plus depuis que l'inénarrable Dylan Pelot a égoïstement décidé d'aller voir si l'herbe était plus verte au-delà de la ligne bleue des Vosges, histoire d'aller faire le foufou avec Coco et Zinzin, ses potes de toujours, plus braques qu'un Picasso, représentations hémisphériques d'un esprit nihiliste.

Parce que le nihiliste, le vrai, le pur, le dur, le keupon à marteau ne veut pas détruire l'ordre établi. Non. Il s'en fout. Pas de compromis ni de compromission, il trace sa route et voit où ça le mène. Ça renvoie les berlingots de tous poils dans les cordes de leur crasse prétention, à vouloir vous filer des conseils sur comment mener votre barque. Ho les blaireaux ! Une saison de San Ku Kaï pimpée à la blonde et la machine à connerie se retrouve sur les rails. Back on track bitch.
Le Pelot, c'est un univers. Un type discret mais qui prenait une place immense et a laissé un vide cosmique. Artiste complet, aussi doué à la plume qu'au pinceau, diable de la palette graphique, musicien, plasticien, pédagogue et incomparable poto, il a développé un monde à nul autre pareil, fait de monstres et de gentils, d'hommes-frites et de nains venus de l'espace, de lapins zombies et de poulettes hurlant sur du métal – du Motörhead si poss'. Notamment co-créateur de BD à succès (Victor qui pète, Vincent le chien terriblement jaune), il contribuait également depuis quelques temps à Fluide Glacial au sein duquel il déclinait les contenus exclusifs de son encyclopédie du film bis, devenue l'anthologie aujourd'hui vantée.


Passionné par tout un tas de trucs que je ne vais pas énumérer ici, parce que ce serait trop long et que vous n'aviez qu'à le connaître, Dylan Pelot était un fondu du cinéma bourguignon et mondial, surtout quand il y avait des grosses bêtes dedans – ou des minuscules – et qu'on accolait à ces séries des baies et des aides.
Ses Grands Succès du Cinéma Introuvable représentent plus de dix piges d'un travail de fourmi (petite bête) titanesque (gros bonhomme pas content), à prendre tous les habitants de sa ville en photo dans une cave mal éclairée et à des heures que la morale réprouve en-dehors des liens sacrés du mariage, à découper des images, les composer et gratter du papier comme un psoriasique ses croûtes pour raconter la genèse de films parodiques nés dans le fin fond de sa cavité utéro-cérébrale, plus qu'illuminée celle-là pour le coup.




De l'or en pages et des barres de rire accessibles à ceux qui ne craignent pas encore les courbatures d'une gymnastique intellectuelle parfois exigeante mais ô combien gratifiante. Se grattant le chef pendant dix minutes pour comprendre quel calembour foireux est celé dans les méandres d'une langue élastique, le lecteur sautera dans les joies indicibles de la victoire sur soi-même en décodant les plus ardus d'entre eux.
Là repose toutes les dimensions d'un Pelot kaléidoscopique. Un usage rigoureux d'une culture grosse comme ça pour finir dans le ravin de l'humour crétin, où l'absurde tutoie le poétique, ouais mon con ! De Sissi Sauteuse à Godzimir, de Hassan Lupin aux Dents de mémères, de Crocodile Dinde aux Vingt enculés, c'est plus de 80 masterpieces nanardesques que vous pourrez retrouver dans cet ouvrage indispensable à tout cinéphile dont le QI dépasse celui d'un moineau. Un regret cependant : que ces films ne soient tout simplement pas.



Impossible de résumer un artiste et un être humain aussi complet en un article. Encore trop méconnue, son œuvre mérite de figurer au Panthéon des esprits libres et sauvages, parfait rapporteur de la nature humaine, dont la pertinence du propos ne saurait rougir face à ceux de trous de balles en costumes middle class, exégètes au rabais roulant sur leur nombril de petits cochons roses dans une fange d'autosatisfaction aussi débectante qu'injustifiée. Un pan de culture en pleine gueule Paulo, histoire de comprendre qu'il y a un monde au-delà d'un "cinéma d'auteur" estampillé Xanax et CNC, farci de fils à papa prétentieux et désespérément incultes, dont la pensée tourne exclusivement autour d'un orifice anal dont ils sont persuadés que l'Astre Solaire sort chaque matin après des soirées passées à se faire des pipes entre consanguins. Et même que ce monde là, il est vachement plus funky.



Mais comme Dylan l'a dit lui-même un jour d'été un peu plombant :

"je suis pas funky moi, je suis un fils du métal et je t'emmerde." *

* citation absolument authentique
Red_Fox


- Les Grands Succès du Cinéma Introuvable par Dylan PELOT / Editions Fluide Glacial / 150 pages / 25 euros

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