DU BIS FAÇON DIDICHE
Une œuvre encyclopédique et totalement foutraque par un amoureux du 7ème Art que n'auraient pas renié Plonk & Replonk.
Un cinéma
littéralement introuvable, à part dans l'esprit malade d'un
maléfique feu follet dopé à la Rico et aux roulées. Un cinéma
que l'on ne trouvera plus depuis que l'inénarrable Dylan Pelot a
égoïstement décidé d'aller voir si l'herbe était plus verte
au-delà de la ligne bleue des Vosges, histoire d'aller faire le
foufou avec Coco et Zinzin, ses potes de toujours, plus braques qu'un
Picasso, représentations hémisphériques d'un esprit nihiliste.
Parce que le
nihiliste, le vrai, le pur, le dur, le keupon à marteau ne veut pas
détruire l'ordre établi. Non. Il s'en fout. Pas de compromis ni de
compromission, il trace sa route et voit où ça le mène. Ça
renvoie les berlingots de tous poils dans les cordes de leur crasse
prétention, à vouloir vous filer des conseils sur comment mener
votre barque. Ho les blaireaux ! Une saison de San Ku Kaï
pimpée à la blonde et la machine à connerie se retrouve sur les
rails. Back on track bitch.
Le Pelot, c'est
un univers. Un type discret mais qui prenait une place immense et a
laissé un vide cosmique. Artiste complet, aussi doué à la plume
qu'au pinceau, diable de la palette graphique, musicien, plasticien,
pédagogue et incomparable poto, il a développé un monde à nul
autre pareil, fait de monstres et de gentils, d'hommes-frites et de
nains venus de l'espace, de lapins zombies et de poulettes hurlant
sur du métal – du Motörhead si poss'. Notamment co-créateur de
BD à succès (Victor qui pète, Vincent le chien
terriblement jaune), il contribuait également depuis
quelques temps à Fluide Glacial au sein duquel il déclinait les
contenus exclusifs de son encyclopédie du film bis, devenue
l'anthologie aujourd'hui vantée.
Passionné par
tout un tas de trucs que je ne vais pas énumérer ici, parce que ce
serait trop long et que vous n'aviez qu'à le connaître, Dylan Pelot
était un fondu du cinéma bourguignon et mondial, surtout quand il y
avait des grosses bêtes dedans – ou des minuscules – et qu'on
accolait à ces séries des baies et des aides.
Ses Grands Succès du Cinéma Introuvable représentent plus de dix piges d'un
travail de fourmi (petite bête) titanesque (gros bonhomme pas
content), à prendre tous les habitants de sa ville en photo dans une
cave mal éclairée et à des heures que la morale réprouve
en-dehors des liens sacrés du mariage, à découper des images, les
composer et gratter du papier comme un psoriasique ses croûtes pour
raconter la genèse de films parodiques nés dans le fin fond de sa
cavité utéro-cérébrale, plus qu'illuminée celle-là pour le
coup.
De l'or en
pages et des barres de rire accessibles à ceux qui ne craignent pas
encore les courbatures d'une gymnastique intellectuelle parfois
exigeante mais ô combien gratifiante. Se grattant le chef pendant
dix minutes pour comprendre quel calembour foireux est celé dans les
méandres d'une langue élastique, le lecteur sautera dans les joies
indicibles de la victoire sur soi-même en décodant les plus ardus
d'entre eux.
Là repose
toutes les dimensions d'un Pelot kaléidoscopique. Un usage rigoureux
d'une culture grosse comme ça pour finir dans le ravin de l'humour
crétin, où l'absurde tutoie le poétique, ouais mon con ! De Sissi
Sauteuse à Godzimir, de Hassan Lupin aux Dents
de mémères, de Crocodile Dinde aux Vingt enculés,
c'est plus de 80 masterpieces nanardesques que vous pourrez
retrouver dans cet ouvrage indispensable à tout cinéphile dont le
QI dépasse celui d'un moineau. Un regret cependant : que ces films
ne soient tout simplement pas.
Impossible de
résumer un artiste et un être humain aussi complet en un article.
Encore trop méconnue, son œuvre mérite de figurer au Panthéon des
esprits libres et sauvages, parfait rapporteur de la nature humaine,
dont la pertinence du propos ne saurait rougir face à ceux de trous
de balles en costumes middle class, exégètes au rabais
roulant sur leur nombril de petits cochons roses dans une fange
d'autosatisfaction aussi débectante qu'injustifiée. Un pan de
culture en pleine gueule Paulo, histoire de comprendre qu'il y a un
monde au-delà d'un "cinéma d'auteur" estampillé Xanax
et CNC, farci de fils à papa prétentieux et désespérément
incultes, dont la pensée tourne exclusivement autour d'un orifice
anal dont ils sont persuadés que l'Astre Solaire sort chaque matin
après des soirées passées à se faire des pipes entre consanguins.
Et même que ce monde là, il est vachement plus funky.
Mais comme Dylan l'a dit lui-même un jour d'été un peu plombant :
"je suis pas
funky moi, je suis un fils du métal et je t'emmerde." *
Red_Fox
- Les
Grands Succès du Cinéma Introuvable par Dylan PELOT / Editions
Fluide Glacial / 150 pages / 25 euros
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