DU WESTERN SANS SPAGHETTI
Trêve de plaisanteries pas bien finaudes (et nos plus plates excuses à la famille Grimaldi), passons aux choses sérieuses. Notre contributrice Charlotte est en ce moment présente au Festival de Cannes™ pour partager avec nous toutes ses impressions au jour le jour. Prenons donc l'air de la Croisette™ concernant la Sélection Officielle™ à travers deux films présentés Hors-Compétition™ (The Salvation, western britannico-dano-sud-africain apparemment bif bof, et The Rover, une dystopie americano-australienne plus contemplative que Mad Max), sans oublier The Homesman, le film de Tommy Lee Jones en lice pour la Palme d'Or™ qui n'est visiblement pas piqué des hannetons.
Étrange coïncidence pour notre premier triplé cannois. Y est proposé le genre "Western", tantôt assumé pour The Salvation de Kristian Levring et The Homesman de Tommy Lee Jones, tantôt qui en emprunte les codes et flirte avec pour The Rover de David Michôd.
Comment donc peut s'envisager le néo western 2014, et comment le voit-on sur l’immense écran du Palais du Festival ? That’s the question of the day.
Contemplation du charisme
Tout commence par le sésame grâce auquel on peut s'asseoir en Orchestre. Ce qui ressort en premier, qui fait vibrer le petit cœur et fait exploser le palmomètre perso, ce sont les cow-boys de ces nouveaux westerns (pas loin dans la salle, donc bon). La façon dont les réalisateurs s’abandonnent et multiplient les gros plans sur les Visages immanquables : Mads Mikkelsen, Robert Pattinson, Guy Pearce et Eva Green. Ses yeux avant tout pour cette dernière (lui aurait-on coupé la langue pour les animer encore plus ?).
De la beauté et des face-à-face qui font d’autant plus ressortir la fadeur du scénario de The Salvation et ses petites hystéries filmiques. Le réal a des envolées un peu trop 300 à mon goût et une reconstitution un peu trop cartonnée. Mais passons, c’est un premier soir plein de visages fascinants et rien que pour ça c’est mémorable.
Mad Mikkelsen dans The Salvation - Tu le sens bien mon gros plan du charisme ! |
Des visages face à des paysages de western, désertiques et rocheux, numériques pour Salvation, captés dans le réel australien pour The Rover.
Et justement dans The Rover, où le duel propre au western est le fil conducteur du film (une chasse à l’homme qui s’étire), et où l’on retrouve les longues traversées d’horizons désertiques ; les visages sont beaucoup mieux mis à profit. Le film s’ouvre sur un long plan de Guy Pearce. Et tout au long du film la caméra s’attarde énormément sur les gestes, sur des non-actions, comme parfois dans les westerns où l’on voit la poussière voler, les portes du saloon craquer. Une nonchalance qui tranche avec les faits et gestes des personnages (qui en gros ne font que se tirer dessus pour on ne sait pas trop quelle raison au final). Peu à peu, une relation particulière se tisse entre Éric (Guy Pearce), impassible, dur, violent, et Reynolds (Robert Pattinson), qu’on voit tout d’abord blessé, se traînant et le souffle court, et qu’on devine ensuite plongé dans une espèce de semi autisme, entre gestes maladroits (bras qui bougent comme en interaction avec un partenaire imaginaire), réactions enfantines (la peur) et communication brouillée (je te comprends mais mes yeux roulent, mes sourcils se froncent, mes dents se dévoilent). Un personnage fascinant à regarder et à comprendre via le jeu de Pattinson.
Guy Pearce et Robert Pattinson dans The Rover |
Mémoire du classique VS. Relents modernes
Si le début de The Salvation promet d'emprunter les codes du western classique (mais l’espoir ne fait pas long feu pour cause de ralentis, accélérés, zooms, lumière saturée et j’en passe), c’est le film de Tommy Lee Jones qui honore le plus le genre. Une étrange histoire d’un personnage féminin autoritaire et solitaire, qui vient en aide à trois femmes ayant sombré dans la folie. Des scènes véritablement atroces s’associent aux pitreries du personnage de Tommy Lee Jones transformé en amuseur public. Un film sur la solitude, la folie et l’abandon. L’étrangeté a résonné dans les hauteurs du Palais.
The Homesman de Tommy Lee Jones |
Vengeance
Le sentiment nocif de vengeance est au cœur de ces films (bon point de départ pour The Salvation, mais vite ennuyeux) ainsi que la confrontation de l’homme contre l’homme. Impassible, mais qui pleure après le bain de sang (Guy Pearce/Rover), enterrant tout de même le chien et laissant les hommes brûler.
The Homesman a mis aussi le feu au Palais |
Et sinon, à part ça, la température à Cannes ? On parle beaucoup du film argentin ; on se demande qui est cette fille à lunettes ; on perd sa godasse ; on cherche des billets ; on ne dort plus beaucoup.
Comme aucune journée ne se ressemble, mais qu’on est en même temps tous en train de vivre dans cette espèce de faille hors du temps, on vous dit à demain pour voir de quoi il sera fait.
CHARLOTTE
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