L'ANGE DE LA SEMENCE
Allez Gégé montre nous tes fesses, allez Gégé montre nous ton c**
Buzz. Polémique. Rumeurs grotesques. Publicité racoleuse. Bref ! Tout fut mis en place pour la sortie en grande pompe le 17 mai du dernier film d'Abel Ferrara en VàD (à 7 euros, bordel de m** !). Mais à part ça, qu'en est-il réellement ?
Devereaux (que j’appellerai DVR tout le long de cette critique pour des raisons complètement gratuites) est un homme puissant, manipulant au quotidien des milliards de dollars. Un homme qui contrôle la destinée économique des nations et est gouverné par un irrépressible et vorace appétit sexuel. Cette débauche de luxure finira par le faire tomber.
Dès les premières secondes, Ferrara annonce clairement la couleur. Il met en scène une fausse conférence de presse de Gérard Depardieu expliquant à de faux journalistes pourquoi il a choisi d'incarner ce personnage : « Je ne l'aime pas, je n'aime pas les hommes politiques. Je n'aime pas jouer, j'aime sentir les choses ». Ainsi, Ferrara brise le quatrième mur, expliquant de manière fugace pourquoi notre Gégé national a participé ''gratuitement'' au tournage. Cependant, le réalisateur va plus loin en détournant l'habituelle mention : "toute ressemblance ne serait que pure coïncidence" par une version pus longue et détaillée :
« Le film est inspiré d'une affaire judiciaire dont les phases publiques ont été filmées, retransmises et commentées par les médias du monde entier. Mais les personnages du film et les séquences les représentant dans leur vie privée relève de la fiction, personne ne pouvant prétendre reconstituer la complexité et la vérité de la vie des auteurs et témoins de cette affaire, sur laquelle chacun conserve son propre regard »
Ni fiction, ni reconstitution scrupuleuse, Welcome to New York s'apparente donc plus à du docu-fiction fantasmé où Ferrara n’hésite pas à balancer un point de vue sur ce que tout le monde aurait souhaité voir. D'ailleurs, ce trublion new-yorkais est quand même connu pour donner à sa caméra un regard impitoyable envers ses personnages. Il suffit de voir (ou revoir) King of New York ou encore Bad Lieutenant pour s'en convaincre.
Le film peut se découper en deux parties. La première correspond à une succession de scène de baises grotesques où la caméra joue un rôle voyeuriste. C’est bien simple, j'avais l'impression de regarder un vieux porno soft. Si par ''maladresse'' vous vous posez cette question, il existe bien une version X. Donc, DVR se fait tailler une pipe, claque en levrette, se tape deux nanas siliconés en threesome, etc... Ferrara prend un plaisir malsain à accumuler ces scènes sans âme, qui donne une dimension grotesque volontaire au personnage. Il suffit de voir la fameuse séquence de l'hôtel qui est d'un ridicule sans nom. Mais fallait-il vraiment quatorze minutes d'actes sexuels purs (soit 60% du temps avant son arrestation dans le film) pour nous faire piger que DVR est une "saloperie en rut" ? Et la séquence retraçant le cas de Tristane Banon était-elle vraiment utile pour le coup ? Niveau subtilité, on repassera.
La deuxième partie est heureusement, beaucoup plus intéressante. Seulement voilà, la scène qui devait tirer le film vers le haut, à savoir l'affrontement verbale entre DVR et sa femme Simone (Jacqueline Bisset) peine à susciter de l’intérêt. Malheureusement, ce duel est amené comme une simple confrontation entre deux acteurs. Ce qui me fait venir à l'un des défauts que l'on peut reprocher à Ferrara : sa méthode d'improvisation partielle, laissant en roue libre ses acteurs. Même si Gérard Depardieu s'en sort de façon honorable (on ne l'a plus vu aussi impliqué depuis Olé ! de Florence Quentin... ou pas), on remarque facilement ce manque flagrant d'écriture. Ferrara capitalise à mort sur la force d'incarnation de ses acteurs, mais ces derniers ne peuvent pallier les failles du travail d'auteur. Quant à l'aspect technique, il est à l'avenant du script. Au moins, dans le fond et la forme, on ne pourra pas reprocher au film son manque de cohésion niveau laideur. Je ne vais pas y aller par quatre chemin : le rythme est plat, faute à un montage mou et académique et à une direction de la photographie d'une froideur extrême. Bref, c'est moche.
Le film se veut être une fable contemporaine sur la vanité humaine, mais tombe trop facilement dans la "gratuité" pour rester un tant soit peu honnête. Ça veut lancer un pavé dans la mare... Mais ce n'est qu'un gode qui flotte et prend l'eau.
Roland aka Francis Hustler
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