22/07/2014

CRITIQUE : THE RAID 2 BERANDAL (Gareth Evans - 2014)

SI VOUS CHERCHEZ LA BAGARRE

Gros flingues, coups de schlass et bottages de culs



Le premier Raid était une assez bonne surprise, mais à des années lumières des classiques du cinéma d'action. Un film qui m'a laissé sur ma faim faute notamment à un réel manque de scénario (un huis clos sans surprise) mais aussi à cause de son buzz surdimensionné qui provoqua attente et promesse, finalement non tenue. On est loin de Die Hard bordel de m***. 

Cependant Gareth Evans ne s'est absolument pas reposé sur ses lauriers et revient avec un film que l'on peut résumer en un mot : furie. Ce second opus devait en réalité être le premier et unique film, mais à l’époque le projet fut jugé beaucoup trop ambitieux par les producteurs. Evans a alors décidé de réaliser The Raid pour convaincre les investisseurs. Une sorte de petite mise en bouche, en somme. Attaquons-nous alors au plat de résistance. 


Plat du jour : châtaigne...

Berandal commence là où le premier s'est arrêté. Après un combat sans merci pour s’extirper d’un immeuble rempli de criminels et laissant derrière lui des monceaux de cadavres de policiers et de truands, Rama, jeune flic (Iko Uwais), pensait retrouver une vie normale au côté de sa femme et de son fils… Mais on lui impose une nouvelle mission. Il devra infiltrer le syndicat du crime, où coexistent dans un climat houleux mafia indonésienne et yakuza. Sous l’identité de Yuda, un tueur sans pitié, il se laisse jeter en prison afin d’y gagner la confiance d’Uco (Arifin Putra), le fils d’un magnat du crime indonésien. Il obtient ainsi son ticket d’entrée pour intégrer l’organisation. Sur fond de guerre des gangs, il se retrouve alors dans un dangereux jeu de rôle destiné à porter un coup fatal à l’empire du crime. À l'instar du premier opus, il sera question d’ascension. Mais cette fois-ci ce ne sont plus les étages d'un immeuble qu'il faudra grimper mais bien les échelons du système mafieux.

Gareth Evans excelle en tant que réalisateur et chef monteur. C'est indéniable. Il suffit de voir l'incroyable séquence se déroulant dans la cour de prison. D'une maîtrise impeccable, le réalisateur sait faire monter la sauce lorsque les prisonniers se rapproche de Rama. Celui-ci sait qu'il est ciblé, tout comme Uco. La caméra se rapproche de Rama, qui dévisse de façon méthodique le manche du balai afin de s'en servir comme arme. À ce moment là, la tension est à son maximum. Le réalisateur montre également sa maîtrise de l'espace et du temps. Cette scène, tournée en grande partie en plan-séquence, reste pour moi la plus marquante du film : lisible, d'une fluidité exemplaire, contenant des mouvements de caméra improbables et originaux, hypnotique, aux cascades hallucinantes et chorégraphiées à la perfection... Au point de sortir : « Mais comment ont-il pu faire ça ? » ou encore « la vache qu'est-ce qu'il lui a mis dans la gueule ! ». Bref, du véritable viagra pour les yeux.

Et marrons au dessert

Le film est blindé d'inventivité et de scènes mémorables. La poursuite en voiture en est un parfait exemple. Tout comme le reste du film, celle-ci reste lisible tout en étant dynamique. Ce qui est rare de nos jours. Cependant Berandal possède quelques longueurs, fragilisé par un scénario bateau et archétypal jusqu'au bout des doigts. Il est tout de même honorable de la part de Gareth Evans de vouloir développer un peu plus ses personnages. Encore faudrait-il que ceux-ci soient utiles à l'intrigue. Mais je dois dire que je cherche vraiment la petite bête, car le scénario n'est pas l'élément moteur de ce genre de production. Evans le sait mais ne peut s'empêcher de reprendre ce schéma archétypal, proche d'un jeu vidéo où le héros progresse et doit affronter des ennemis hauts en couleur, possédant chacun une particularité, avant d'affronter le boss final. C'est bien simple, la fin ressemble à une adaptation live de Fatal Fury.

Berandal est un film à voir, à soutenir, mettant K.O n'importe quelle production hollywoodienne. Il faut dire que le réalisateur a eu la chance de faire son film en Indonésie, sans la pression d’un producteur américain. Les chorégraphies de Berandal ont nécessité environ dix-huit mois d'élaboration et de mise au point, dont six semaines entièrement consacrées à la conception de la scène finale. Le tournage de cette dernière a même duré plus de dix jours. Une aberration dans le système actuel américain où tout doit être mis en boîte le plus vite possible. En s’inspirant de ses maîtres, tel John Woo, John McTiernan ou encore Sam Peckinpah, Evans livre tout de même l’un des meilleurs films d’action des ces dernières années. Plus qu’un plaisir coupable, un plaisir tout court. Je suis même sûr que le Capitaine Darrow aurait apprécié le film :


Roland aka Francis Hustler

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