Plat du jour : châtaigne...
Berandal
commence
là où le premier s'est arrêté. Après un combat sans merci pour
s’extirper d’un immeuble rempli de criminels et laissant derrière
lui des monceaux de cadavres de policiers et de truands, Rama, jeune
flic (Iko Uwais), pensait retrouver une vie normale au côté de sa femme et de son fils… Mais on lui impose une nouvelle mission. Il devra
infiltrer le syndicat du crime, où coexistent dans un climat houleux
mafia indonésienne et yakuza. Sous l’identité de Yuda, un tueur
sans pitié, il se laisse jeter en prison afin d’y gagner la
confiance d’Uco (Arifin Putra), le fils d’un magnat du crime
indonésien. Il obtient ainsi son ticket d’entrée pour intégrer
l’organisation. Sur fond de guerre des gangs, il se retrouve alors
dans un dangereux jeu de rôle destiné à porter un coup fatal à
l’empire du crime. À l'instar du premier opus, il sera question
d’ascension. Mais cette fois-ci ce ne sont plus les étages d'un immeuble qu'il faudra grimper mais bien les échelons du système
mafieux.
Gareth
Evans excelle en tant que réalisateur et chef monteur. C'est
indéniable. Il suffit de voir l'incroyable séquence se déroulant
dans la cour de prison. D'une maîtrise impeccable, le réalisateur sait faire monter la sauce lorsque les prisonniers se
rapproche de Rama. Celui-ci sait qu'il est ciblé, tout comme Uco. La
caméra se rapproche de Rama, qui dévisse de façon méthodique le
manche du balai afin de s'en servir comme arme. À ce moment là, la
tension est à son maximum. Le réalisateur montre également sa
maîtrise de l'espace et du temps. Cette scène, tournée en grande
partie en plan-séquence, reste pour moi la plus marquante du film : lisible, d'une fluidité exemplaire, contenant des mouvements de caméra
improbables et originaux, hypnotique, aux cascades hallucinantes et
chorégraphiées à la perfection... Au point de sortir : « Mais comment
ont-il pu faire ça ? » ou encore « la vache
qu'est-ce qu'il lui a mis dans la gueule ! ». Bref, du véritable
viagra pour les yeux.
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Et marrons au dessert |
Le
film est blindé d'inventivité et de scènes mémorables. La
poursuite en voiture en est un parfait exemple. Tout comme le reste
du film, celle-ci reste lisible tout en étant dynamique. Ce qui est
rare de nos jours. Cependant Berandal
possède quelques longueurs, fragilisé par un scénario bateau et
archétypal jusqu'au bout des doigts. Il est tout de même honorable
de la part de Gareth Evans de vouloir développer un peu plus ses
personnages. Encore faudrait-il que ceux-ci soient utiles à
l'intrigue. Mais je dois dire que je cherche vraiment la petite bête, car le scénario n'est pas l'élément moteur de ce genre de production.
Evans le sait mais ne peut s'empêcher de reprendre ce schéma
archétypal, proche d'un jeu vidéo où le héros progresse et doit
affronter des ennemis hauts en couleur, possédant chacun une
particularité, avant d'affronter le boss final. C'est bien simple,
la fin ressemble à une adaptation live de Fatal
Fury.
Berandal est un film à voir, à soutenir, mettant K.O n'importe quelle production hollywoodienne. Il faut dire que le réalisateur a eu la chance de faire son film en Indonésie, sans la pression d’un producteur américain. Les chorégraphies de Berandal ont nécessité environ dix-huit mois d'élaboration et de mise au point, dont six semaines entièrement consacrées à la conception de la scène finale. Le tournage de cette dernière a même duré plus de dix jours. Une aberration dans le système actuel américain où tout doit être mis en boîte le plus vite possible. En s’inspirant de ses maîtres, tel John Woo, John McTiernan ou encore Sam Peckinpah, Evans livre tout de même l’un des meilleurs films d’action des ces dernières années. Plus qu’un plaisir coupable, un plaisir tout court. Je suis même sûr que le Capitaine Darrow aurait apprécié le film :
Roland aka Francis Hustler
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