02/12/2013

CRITIQUE : GETAWAY (Courtney Solomon - 2013)

GO AWAY !

Plus beauf que moi tu meurs


J'aurais pu faire une critique de Prisoners, Gravity, La Danza de la Realidad, Inside Llewyn Davis ou encore Thor the Dark World, mais non je préfère patauger dans la fange :


Faut dire que j'ai rien vu venir... je vous jure !
Voulant me démarquer de mes chers confrères du DWARF, j'ai décidé de fouiller dans les sorties DTV. Malheur à moi ou mauvais karma, je suis tombé sur un vrai tas de merde. Getaway* est sorti le 30 août aux États-Unis, uniquement en DVD en France. Pour une fois, je donne raison aux distributeurs français de ne pas l'avoir sorti en salle. L'histoire tient sur un timbre poste : « héros avec sidekick doit sauver femme » Duh !


Dès le début du film, on entre dans le vif du sujet. Ce film n'est ni plus ni moins qu'une adaptation non officielle du jeu vidéo Need for Speed. Une belle bagnole, des flics, des courses poursuites en pleine ville. A première vue, ça pue le fan service. Et bien ça l'est. C'est d'autant plus drôle qu'une vraie adaptation du jeu vidéo va sortir en salle en avril 2014 avec Aaron Paul, Dominic Cooper et... Michael Keaton. Le personnage d'Ethan Hawke est un ancien pilote de Nascar. Pourquoi ? Tout simplement pour légitimer ses capacités d'as du volant et pour permettre également de cibler le bon américain moyen, fan de bière, de circuit ovale et possédant sa carte de la NRA. Donc pour résumer la situation de départ, Hawke, ancien pilote de Nascar, doit retrouver sa femme qui a été kidnappée. Il doit voler une voiture et effectuer quelques courses désagréables pour un homme sans scrupules (Jon Voight). 

« It's seems totally legit »


Mais ce n'est pas tout ! Le propriétaire de la voiture, un jeune génie de la technologie joué par Selena Gomez (on touche le fond), tente de récupérer son Mustang Shelby GT 500 Super Snake (je précise pour les fans d'Auto-Moto). Finalement celle-ci vient en aide à Hawke durant cette course folle à travers les rues de Sofia (ouais, en Bulgarie, lieu reconnu pour tout pilote de course à la retraite).


Au delà de cette intrigue forte et trépidante (sarcasme), tout le reste du film est mauvais. Le casting ne propose que le strict minimum. Selena Gomez me fait penser à Rob Schneider, à savoir un sidekick absolument pas drôle, qui ne sert pas à grand chose et plombe rien que par sa présence l'histoire. Après l'excellent Springbreakers, l'ex petite amie de Mickey (il a toujours eu bon goût ce petit pervers aux grandes oreilles... sauf en matière artistique peut-être) se vautre lamentablement dans son choix de carrière. Il est temps d’arrêter le cinéma et de retourner à la musique. Toi qui sait si bien tenir le micro entre tes deux mains (après tout elle n'est bonne qu'à ça). Concernant Hawke, celui-ci s'en bat royalement du film. C'est tellement visible à l'écran qu'il en devient ridicule, tout comme sa filmographie. En effet, il suffit de constater que depuis 2010 il enchaîne les bouses de luxe: Daybreakers des frères Spierig, l'Elite de Brooklyn d'Antoine Fuqua, Total Recall, mémoire programmées de Len Wiseman, Sinister de Scott Derrickson ou encore American Nightmare de James DeMonaco. Seul Richard Linklater a encore confiance en son talent (Before Midnight, mais aussi Boyhood prévu pour 2015). N'empêche, passer de Before Midnight à Getaway s'apparente à un saut en parachute ascensionnel, en oubliant le parachute. Je ne veux pas être médisant mais ça pue la fin de carrière chez Asylum d'ici quelques années. Ah j'oubliais, Jon Voigt fait une apparition. Une seule. C'est tout. Il est passé devant la caméra pour prendre son chèque et il est reparti aussitôt. Brillant.

Et sinon à l'image ça donne quoi ma p'tite dame ? Et bien c'est bien simple, c'est moche. La lumière est dégueulasse. Le cadrage est anecdotique. Le montage est affreux et tellement bourré de faux raccords que Gilbert Montagné pourrait les nommer dans l'ordre. On se croirait ni plus ni moins dans une production Besson. Il manque juste le sponsoring d'Audi et ce film aurait pu s’appeler Le Transporteur bulgare. Le niveau est constamment bas du front. Il suffit de voir le climax final, sur-vendu narrativement, totalement prévisible et idiot. Autant je trouvais à certains moments maladroit l'utilisation de la go pro dans Pain and Gain, mais je reconsidère ce point de vue depuis Getaway. Ici les images en caméra embarquée sont tout simplement ternes, ridicules et souvent inutiles. Ce genre de caméra est normalement utilisé pour renforcer l'immersion ou le point de vue. Il n'en est rien ici, à part la frime. Navrant.

En ce qui concerne la réalisation, je n'ai que deux mots : Courtney Solomon. Ce mec représente le cancer pour tout fan de Donjons et Dragons (oui oui c'est lui qui a réalisé l'adaptation sortie en 2001 avec Gary Oldman). Il a également réalisé cette horreur d'American Haunting avec Donald Sutherland. Getaway est seulement son troisième film. Il faut dire que le larron ne se cantonne pas seulement à la réalisation, il est également producteur de série B comme Piégés avec Dolph Lundgren, Bad Yankee avec Scott Adkins ou encore Dragon Eyes avec mon chouchou Jean-Claude Van Damme. En gros, Courtney ne poursuit ni les oscars, ni la reconnaissance absolue. Le gros problème est que ce mec est tellement MAUVAIS dans tout ce qu'il entreprend qu'il est impensable de le revoir encore derrière une caméra. C'est sans compter sur Dark Castle Entertainment (division de Silver Pictures, associé à Warner Bros) producteurs de chef d’œuvres tels que Le Vaisseau de l'Angoisse, Gothika, 48 Heures Chrono ou encore Ninja Assassin. Finalement qui se ressemble s'assemble...

Pour moi, Getaway pousse un cri d'alarme. En effet, ce film rappelle le cas critique des séries B actuelles, qui ne sont plus que de simples produits de consommations co-financées par les majors. Ensuite, on peut véritablement se demander ce qu'il se passe dans la tête d'Ethan Hawke ? Que lui arrive-t-il ? N'y a t-il pas d'autres rôles plus intéressants ? Ce mec pique tout le boulot de Nicolas Cage, moumoute en moins.

Indigeste. Tape à l’œil. Grossier. Moche et mal branlé.


* N-B : attention ! Ne pas confondre avec le film homonyme de Sam Peckinpah :

Bon. Y'a pas vraiment matière à les confondre, remarquez.

Roland aka Francis Hustler

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