GO AWAY !
Plus beauf que moi tu meurs
J'aurais
pu faire une critique de Prisoners, Gravity, La
Danza de la Realidad, Inside Llewyn Davis ou encore Thor
the Dark World, mais non je préfère patauger dans la fange :
Faut dire que j'ai rien vu venir... je vous jure ! |
Voulant
me démarquer de mes chers confrères du DWARF, j'ai décidé de
fouiller dans les sorties DTV. Malheur à moi ou mauvais karma, je
suis tombé sur un vrai tas de merde. Getaway* est sorti le 30
août aux États-Unis, uniquement en DVD en France. Pour une fois, je
donne raison aux distributeurs français de ne pas l'avoir sorti en
salle. L'histoire tient sur un timbre poste : « héros avec
sidekick doit sauver femme » Duh !
Dès
le début du film, on entre dans
le vif du sujet.
Ce film n'est ni
plus ni moins qu'une
adaptation non officielle du jeu vidéo Need
for Speed.
Une belle bagnole, des flics, des courses poursuites en pleine ville.
A première vue, ça pue le fan
service.
Et bien ça l'est. C'est d'autant plus drôle qu'une vraie adaptation
du jeu vidéo va sortir en salle en avril 2014 avec Aaron Paul,
Dominic Cooper et... Michael Keaton. Le personnage d'Ethan Hawke est
un ancien pilote de Nascar. Pourquoi ? Tout simplement pour
légitimer
ses capacités d'as
du volant
et pour
permettre
également de
cibler
le
bon
américain moyen, fan de bière, de circuit ovale et possédant
sa carte de la NRA. Donc pour résumer la situation de départ,
Hawke, ancien pilote de Nascar, doit retrouver sa femme qui a été
kidnappée. Il doit voler une voiture et effectuer
quelques courses désagréables pour un homme sans scrupules (Jon
Voight).
« It's seems totally legit »
Mais
ce n'est pas tout ! Le propriétaire de la voiture, un jeune
génie de la technologie joué par Selena Gomez (on touche le fond),
tente de récupérer son Mustang Shelby GT 500 Super Snake (je
précise pour les fans d'Auto-Moto). Finalement celle-ci vient en
aide à Hawke durant cette course folle à travers les rues de Sofia
(ouais, en Bulgarie, lieu reconnu pour tout pilote de course à la
retraite).
Au
delà de cette intrigue forte et trépidante
(sarcasme), tout le reste du film est mauvais. Le casting ne propose
que le strict minimum. Selena Gomez me fait penser
à Rob Schneider, à savoir un sidekick absolument pas drôle, qui ne
sert pas à grand chose et plombe rien que
par
sa présence l'histoire. Après l'excellent Springbreakers,
l'ex petite amie de Mickey (il
a toujours eu bon goût ce petit pervers aux
grandes oreilles... sauf
en matière artistique peut-être) se
vautre lamentablement dans son choix de carrière. Il est temps
d’arrêter le cinéma et de retourner à la musique. Toi
qui sait
si bien
tenir le
micro entre tes deux mains (après
tout elle n'est bonne qu'à ça).
Concernant Hawke, celui-ci s'en bat royalement du film. C'est
tellement visible à l'écran qu'il en devient ridicule, tout comme
sa filmographie. En effet, il suffit de constater
que depuis 2010 il enchaîne les bouses de luxe: Daybreakers
des frères Spierig,
l'Elite de Brooklyn
d'Antoine Fuqua, Total
Recall, mémoire programmées
de Len Wiseman, Sinister
de Scott Derrickson ou encore American
Nightmare
de James DeMonaco. Seul Richard Linklater a encore confiance en son
talent (Before
Midnight,
mais aussi Boyhood
prévu pour 2015). N'empêche, passer
de Before
Midnight
à Getaway
s'apparente
à un saut en
parachute
ascensionnel, en
oubliant le parachute.
Je ne veux pas être médisant mais ça pue la fin de carrière chez
Asylum d'ici quelques années. Ah j'oubliais, Jon Voigt fait une
apparition. Une seule. C'est tout. Il est passé devant la caméra
pour prendre son chèque et il est reparti aussitôt. Brillant.
Et
sinon à l'image ça donne quoi ma p'tite dame ? Et bien c'est
bien simple, c'est moche. La lumière est dégueulasse. Le cadrage
est anecdotique. Le montage est affreux et tellement bourré de faux
raccords que Gilbert Montagné pourrait les nommer dans l'ordre. On se
croirait ni plus ni moins dans une production Besson. Il manque juste
le sponsoring d'Audi et ce film aurait pu s’appeler Le
Transporteur bulgare. Le niveau est
constamment bas du front. Il suffit de voir le climax final,
sur-vendu narrativement, totalement prévisible et idiot. Autant je
trouvais à certains moments maladroit l'utilisation de la go pro
dans Pain and Gain, mais je reconsidère ce point de vue
depuis Getaway. Ici les images en caméra embarquée sont tout
simplement ternes, ridicules et souvent inutiles. Ce genre de caméra
est normalement utilisé pour renforcer l'immersion ou le point de
vue. Il n'en est rien ici, à part la frime. Navrant.
En
ce qui concerne la réalisation, je n'ai que deux mots :
Courtney Solomon. Ce mec représente le cancer pour tout fan de
Donjons et Dragons (oui oui c'est lui qui a réalisé
l'adaptation sortie en 2001 avec Gary Oldman). Il a également
réalisé cette horreur d'American Haunting avec Donald
Sutherland. Getaway est seulement son troisième film. Il faut
dire que le larron ne se cantonne pas seulement à la réalisation,
il est également producteur de série B comme Piégés avec
Dolph Lundgren, Bad Yankee avec Scott Adkins ou encore Dragon
Eyes avec mon chouchou Jean-Claude Van Damme. En gros, Courtney
ne poursuit ni les oscars, ni la reconnaissance absolue. Le gros
problème est que ce mec est tellement MAUVAIS dans tout ce qu'il
entreprend qu'il est impensable de le revoir encore derrière une
caméra. C'est sans compter sur Dark Castle Entertainment
(division de Silver Pictures, associé à Warner Bros)
producteurs de chef d’œuvres tels que Le Vaisseau de
l'Angoisse, Gothika, 48 Heures Chrono ou encore
Ninja Assassin. Finalement qui se ressemble s'assemble...
Pour
moi, Getaway pousse un cri d'alarme. En effet, ce film
rappelle le cas critique des séries B actuelles, qui ne sont plus
que de simples produits de consommations co-financées par les
majors. Ensuite, on peut véritablement se demander ce qu'il se
passe dans la tête d'Ethan Hawke ? Que lui arrive-t-il ?
N'y a t-il pas d'autres rôles plus intéressants ? Ce mec pique
tout le boulot de Nicolas Cage, moumoute en moins.
Indigeste.
Tape à l’œil. Grossier. Moche et mal branlé.
* N-B :
attention ! Ne pas confondre avec le film homonyme de Sam
Peckinpah :
Bon. Y'a pas vraiment matière à les confondre, remarquez. |
Roland
aka Francis Hustler
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