APOOCALYPSE NOW
Quelque part à Hollywood...
Seth Rogen : - Dites les
potes, ça vous brancherait de participer à mon prochain film ?
On serait tous là en train de glander, de fumer de l'herbe et de faire
des conneries, le tout durant la fin du monde ?
Frat Pack (en tout cas une
partie) : - Carrément !
J’écris peut-être des bêtises mais je ne pense pas être très
loin de la réalité. Première réalisation du tandem Seth Rogen et
Evan Goldberg, doté d'un casting à faire bander n'importe quel fan
de comédie US, This is the End correspond parfaitement aux
attentes : un humour omniprésent, des situations et dialogues
tirés aux couteaux, ainsi que des blagues de vomi/pipi/caca... Tout
est là.
L'histoire est simple. Jay Baruchel, jeune comédien canadien, vient
passer quelques jours chez son ami d'enfance Seth Rogen, vivant à
Los Angeles. Alors qu'ils sont invités à une fête chez James
Franco, l'Apocalypse se répand sur Terre. Tiré d'un court métrage
Jay and Seth versus the Apocalypse de Jason Stone, le film
reprend les bases du genre qu'est le huis-clos. Les individus
s'enferment, isolés du monde et tentant de cohabiter malgré leurs
ego surdimensionnés. On retrouve par dessus le contexte de fin du
monde et le pardon qui les sauvera de l'Apocalypse comme l'est
indiqué dans le sacro-saint livre à l'usage de n'importe quel curé (enfin
après Playboy).
Force est de constater que la plupart du casting essaie de casser leur image, n’hésitant pas à en rajouter une tonne dans leurs dialogues. Par exemple Michael Cera en cocaïnomane et sex addict, Jonah Hill en homo refoulé se comportant comme une véritable
vipère, James Franco fringué comme un hipster sortant de chez
Emmaüs, ou encore Dany McBride agissant purement et simplement comme
un vrai connard. C'est gras, gratuit et à contre-emploi pour
certains. Pour ma part, ils n’interprètent pas de rôles, ils ne
font que jouer pour un pote (Rogen, je le précise à nouveau), qui
leur laisse une énorme marge de liberté entre chaque situation. Et
ça marche ! Chaque scène de Dany McBride est un véritable
délice tant il va loin dans ses gimmicks et références.
Le terme qui qualifierait parfaitement
le film serait l’autodérision. Cela va jusqu'aux dialogues
improbables, en passant par la musique et surtout aux acteurs imbus
d'eux-mêmes. Aucun n'est épargné. Ce sentiment est décuplé par
le fait qu'ils jouent leur propre rôle. C'est d'autant plus drôle
de voir un James Franco se moquer de lui-même et de sa carrière
alors qu'il est toujours autant bankable à Hollywood. Certaines
piques montrent également leurs ''erreurs'' passées en terme de
choix de rôle ou de film. Cette ironie signale leur rapprochement
avec le spectateur, généralement habitué à regarder ce genre de
film. Le
long-métrage est proche du gouffre qu'est le fan service mais
l’évite de justesse. Certaines allusions sont loin d'être de simples clins d’œil.
En ce qui concerne la relation entre
Jay et Seth, celle-ci donne un peu plus de profondeur à l'histoire,
donnant un ton beaucoup plus sérieux par rapport au reste. Il est
question ici d'une amitié qui, au fil du temps et de l’éloignement,
se dégrade naturellement. On retrouve à peu près le même thème
dans The World's End d'Edgar Wright. Mais film américain oblige, se
termine par un happy end des plus légers. Ce qui est bien
dommage.
Finissons d'ailleurs la comparaison avec le long-métrage du jeune britannique, This is the End
reste très loin du niveau de Wright, notamment en matière de
réalisation et de mise en scène. Il manque un vrai cinéaste
derrière un tel projet qui aurait mérité plus d'ambition. De plus
le film m'a laissé un goût d'inachevé, oscillant entre blague
lourde et excellente. Un problème de rythme se fait d'ailleurs
ressentir dès le milieu du film, coincé par le système du
huis-clos. Un milieu d'une simplicité affligeante : « Alors
les personnages tournent en rond, font des trucs, avant que l'un
d'eux décident de sortir ». La bande originale est quant
à elle ultra clichée et tape dans le gras. Concernant les effets
spéciaux, cela se situe entre le bon et le raté. Dommage car il y
avait de quoi faire avec un tel sujet.
Toutefois le film mérite
d'être visionné rien que pour la performance de Dany McBride, pur
génie de la comédie. Pour ceux qui ne le connaissent pas, je vous
conseille sa série East Bound and Down. Par contre Seth
Rogen, peut-être à cause de sa double casquette de réalisateur, se
contente du minimum syndical. Enfin du côté de Jonah Hill, Michael
Cera et James Franco, ils se foutent royalement de l'image qu'ils
peuvent donner. De plus, le côté religieux est clairement montré
comme un simple prétexte à l'histoire, et non pas défini comme un
acte moralisateur ou putassier. Cela fait plaisir à voir. On est
donc à mille lieux des nombreux blockbusters et de leurs
sous-entendus sur la religion. Fourre-tout monstrueux de conneries, de
WTF bien placés et doté d'un vrai sens planqué derrière cet amas
d'humour graveleux, This is the End fait partie de ces
comédies US qui remplissent à plein régime leur quota de
sympathie.
Un bon film, ni plus ni moins.
Suffisant pour attendre Anchorman 2.
Roland
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