Ou comment
lutte la figure du Candide
Il y a des
falaises d'où la vue est meilleure, et d'où l'élan précède une
belle envolée.
Du
démarrage classique – cadres classiques, situations classiques :
flash-back de l'enfance, rencontre avec une fille, on a même l'adieu
des amoureux avec le train qui part... - je retiendrais le visage
écarquillé de l'enfant, juste après son acte de violence envers
son frère. Un hébétement qui correspond à ce que nous décrirons
plus loin.
Ce début de
film fait un peu tomber l'espoir. Et puis, le film devient gris.
La teinte était déjà dans le ciel, au-dessus de la tête d'Andrew
Garfield quand il dit à son supérieur que non, il n'utilisera pas
d'armes. Il reste gris un bon bout de temps, dès lors que le combat
commence – par un sursaut de mort-vivant. Et le personnage de
Desmond Doss prend toute sa mesure de héros au moment où il parle
tout seul sur le champ de bataille, demandant à son Dieu ce qu'il
doit faire : une voix humaine lui répond « Infirmier !! »
et il s'enfonce dans la fumée noire, qui l'engloutit. J'ai eu peur
qu'avec ce démarrage classique, le film ne réussisse pas à être
épique – comme l'est Braveheart -, il l'est, à partir de
ce moment, et avec ensuite l'incroyable scène des sauvetages.
Alors oui,
Gibson transforme son Doss en Jésus – littéralement à la fin,
avec le capitaine Glover qui le pousse à accepter d'être leader de
la troupe « Ils ont besoin de ta croyance » ; et il finit
volant dans le ciel, sans jamais avoir lâché sa Bible. Pas
seulement une obsession du réalisateur – on connait son
attachement à la chose -, il s'avère que le vrai Doss, qui apparaît
à la fin, était très croyant.
Et peu
importe. Si l'on veut penser ce sauveur comme un Dieu, de part sa
rareté, on pourrait. J'y ai suffisamment vu l'homme pour que ça me
touche. La plus belle idée du film selon moi, et ce qui nous
accompagne encore à la fin de la projection, c'est l'idée de faire
voir comment une figure de l'innocence, de la naïveté, va
traverser ce monde gris fait de corps transpercés. Il s'agit de
comprendre le mot naïveté dans son sens positif : il porte pour moi
les notions de simplicité dans le rapport que l'on a aux autres et au monde,
celle de premier regard, de pureté, quelque chose qui n'aurait pas
été entaché, influencé par la société. Un regard innocent qui
ne comprendrait pas pourquoi il faut se battre les uns contre les
autres. Cette figure serait nommée très vite simple d'esprit par
nos pensées civilisées, car on ne la trouvait pas à l'époque - et
existe-t-elle aujourd'hui ?? Une figure naïve comme une figure de
style tissée tout au long du film, et remarquablement incarnée par
les sourires d'Andrew Garfield, ceux qui font remonter ses pommettes,
ceux qui lui donnent cette tête un peu bêta, cette tête d'enfant.
Un visage qui, dès le départ, le place à part, et souligne ce qui
le rend unique. Tout comme son bandage d'infirmier (la croix rouge
sur un tissu blanc) le distingue des autres visuellement.
Mais la
poésie est malmenée dans ce monde qui est le nôtre, et la figure
sera peu à peu grimace ensanglantée, et douleur.
Peu de photos
avec les sourires en question, alors allez voir le film en salles !!
La réflexion
de Mel Gibson sur la violence continue. Elle est toujours là,
immanquable, sans pitié ; mais elle a face à elle, tout aussi
puissante, la croyance en la liberté (hurlée dans Braveheart)
et en la paix (ici).
S'ils sont
d'une cruauté délibérément exposée, les attaques entre les deux
camps ont ce je-ne-sais-quoi qui, au bout d'un moment, peint le tout
d'une même couleur. Comme un tableau sur lequel on ne distinguerait
pas tout. Qui présenterait une mascarade de visages changeant tous
de teinte. Les 'gueules' filmées par Gibson sont complexes et
marquantes – quelle stupeur de revoir Hugo Weaving et Vince Vaughn
!!
J'aime aussi
cette façon qu'il a eu, à quelques reprises, de filmer les nuques –
celle de Garfield, celle de Weaving dans son premier plan. Comme si
ce qui est derrière, dans la tête, souvenirs, traumatismes,
conscience, était aussi important à contempler avant de faire face
au visage.
Alors juste
une remarque. Avec ce personnage incroyable, « porte-paix »
plus que porte-drapeau selon moi, Mel Gibson n'avait pas besoin de
conclure par l'apparition des vrais protagonistes (un tic des films
adaptés d'histoires vraies), ni de la répétition de la scène où
Doss enlève le sang des yeux de son camarade blessé, qui se croyait
aveugle. L'émotion était déjà là dans la fiction. Mais bon, ça
ne gâche pas l'entreprise, le vrai Doss en impose, et le mot
« sourire » est prononcé. C'est une simple petite note à
Mel : tes héros sont des beaux héros, puissants, que tu as ici très
justement épargné d'auras lumineuses que d'autres réalisateurs
auraient utilisées, particulièrement dans cette réciprocité
christique. Doss se fond dans le gris, s'en accommode et le rend
lumineux par sa propre clarté. Fais donc simplement plus confiance à
tes personnages. Ils n'ont pas besoin de tous ces ralentis, ni de
rappel de la réalité en épilogue.
Ils ont
cette falaise : au début du film, elle est l'escalade joyeuse des
enfants – ils sont en haut, le monde est à eux -, puis elle est
ascension jusqu'au baiser ; et enfin elle sera délivrance, exploit,
et élan pour la vie, et la paix.
I'm Mel
Gibson and i'm fucking badass
CHARLOTTE
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