04/11/2014

CRITIQUE : GONE GIRL (David Fincher - 2014)

PERDU DE VUE

       Attendre un Fincher dans une salle de cinéma c'est comme un toxico qui cherche désespérément sa came, il est dur d'attendre mais quand on atteint enfin au but, c'est l'orgie absolue. 


      Neuvième film du Finch' (je ne compte pas Alien 3 pour des raisons évidentes), Gone Girl est à la fois une nouvelle étape et une continuité dans sa filmographie. 


      Amy et Nick Dunne (Rosamund Pike et Ben Affleck) semblent former un couple parfait. Mais en raison de la crise, ils sont contraints de quitter Manhattan pour retourner dans le Missouri, la ville dans laquelle Nick a grandi. Le jour de leur cinquième anniversaire de mariage, Amy disparaît mystérieusement tandis que son mari découvre leur maison saccagée. L’enquête semble accuser Nick coupable de meurtre. Ce dernier décide alors de comprendre ce qui est réellement arrivé à sa femme. Il finit par découvrir qu’elle lui cachait nombre de choses...

      Nouvelle adaptation de roman, sortie en France sous le titre Les Apparences, Gone Girl correspond parfaitement aux thématiques de Fincher. Manipulation (The Game, The Social Network), une enquête et son processus imprégné de fausses pistes (Zodiac, Se7en), les secrets de famille (Millénium), ou encore un héros à la psychologie dégradé par les événements (Fight Club) sont les maîtres mots du long-métrage. Cependant Gone Girl oscille entre continuité et nouvelle étape dans sa filmographie.


         La force majeure du film tient bien évidemment de son ambiance. Fincher a toujours pris soin de travailler avec force l'atmosphère de ses œuvres. La réalisation pue la classe et la musique tire absolument tout vers le haut. Il y a un véritable sentiment d'unification complète entre les effets sonore et l'image. Le cadrage montre parfaitement le sentiment de confinement et d'enfermement que subit Nick. Je dois dire que la bande originale du film composé par Trent Reznor (Nine Inch Nails) et son comparse Atticus Ross est tout simplement démentielle. Chaque morceau est directement attaché à l'image, à la réalisation, mais aussi aux personnages. Simple exemple : lorsque Amy imagine son monde parfait, la musique va en ce sens. Cependant, le morceau se dégrade tout du long et souligne la noirceur ainsi que la perversité de sa pensée. 


         Par le biais de la mise en scène, David Fincher change radicalement de perspective. Il aurait pu tout simplement tomber dans les carcans stylistiques à la Hitchcock, où l'image illustre les mécanismes qui broie la psychologie du protagoniste. Non, Fincher opte à bon escient pour une réalisation épurée, chirurgicale, presque désencombré d'un certain superflu tape à l’œil. La photographie de Jeff Cronenweth est tout simplement sublime et retranscrit à la perfection ce sentiment de malaise avec une lumière et un panel de couleurs complètement austères. Il est également important de souligner l'excellent travail du chef monteur Kirk Baxter capable de nous faire avaler une pilule de 2h30 sans temps mort et parfaitement rythmé.

          L'autre atout du film provient du casting. En effet, il est à la fois logique et surprenant. Ben Affleck est parfait dans le rôle de Nick Dunne, un personnage à la fois froid et distant. C'est une énigme total et il le reste tout le long du film. Un rôle explicitement taillé pour le nouveau Batman, si souvent considéré comme réservé voir renfermé sur lui-même. En tout cas son personnage l'est en tout point. Concernant le reste du casting, celui-ci est réellement surprenant.
          Rosamund Pike a enfin un grand rôle à sa portée et montre véritablement son panel d'actrice hitchcockienne durant tout le film. Elle compose avec Ben Affleck une parfaite alchimie dans ce couple (à première vue) un brin caricatural. Lui, beau gosse originaire du Missouri, venu chercher gloire et prospérité à New York, où il travaille comme journaliste dans un magazine branché. Elle, la belle héritière d’une fortune amassée par ses parents, auteurs à succès de livres pour enfants Amazing Amy, sorte de copie imaginaire d’elle-même, une petite fiancée de l’Amérique dont les aventures à succès l'ont au fur et à mesure dépossédées de sa propre existence. 
     Neil Patrick Harris et Missi Pyle, habitués à tenir des rôles comiques, montrent ici un tout autre visage. NPH tient un rôle à mille lieux de l'étiquette  Barney Stinson de How I Met Your Mother qui lui colle à la peau. Dans le rôle de Desi Collings, il est tout simplement flippant à divers moment. Missi Pyle incarne de son côté la journaliste Ellen Abbott, véritable donneuse de leçons dans un talk show des plus racoleurs. 
        Quant à Tyler Perry, de loin le choix de casting le plus surprenant, il incarne l'avocat de Nick qui par moment offre quelques touches de légèreté à cette ambiance malsaine. Au moins il n'a pas fait son Eddie Murphy (oui oui, c'est bien lui !)


        Au delà de ces différents points, Fincher sait se renouveler et le prouve avec ce film. Il s'amuse à nous mener en bateau, redéfinit les impressions et les sensations que l'on prétendait avoir pour tel ou tel personnage. Cette force vient notamment de sa construction narrative. D'ailleurs il est important de souligner que le scénario est écrit par l’auteur même du livre, Gillian Flynn. L'esquisse est bien dosée et comme je l'ai dit plus haut, le rythme est incroyablement puissant. Autour de cette intrigue principale, Fincher met en avant un constat, le monde n'est que mise en scène, une illusion pathétique où rien n'y échappe, que ce soit la passion morbide des faits divers, l'imagerie public ni même les lois du mariage. 

      Beau, puissant, intelligent, complexe, déstabilisant, Gone Girl est un nouveau coup de maître de la part du Finch'.

Roland aka Francis Hustler

GONE GIRL - Etats-Unis - David Fincher - 2014 - avec Ben Affleck, Rosamund Pyke, Neil Patrick Harris, Tyler Perry, Missi Pyle,... 

1 commentaire:

  1. Je vous recommande ce site pour regarder des films sympas gratuitement https://fullfilmstream.net/ Il est de bonne qualité et le reste est également en ordre

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