19/03/2014

GERARDMER 2014 : ET APRES ? (bien après...)

Chers Dwarfiennes, Chers Dwarfiens,


Voici le compte rendu 100 % bouddhiste de la 21ème édition du Festival du Film Fantastique de Gérardmer. TA-DAAAAAAAAAA !!!! 




Bah, c'est pas trop tôt !

Oui, il était temps de le partager puisque l’événement s'est tenu il y a un mois tout juste, du 29 janvier au 2 février 2014. En fait, il y a même un peu plus d'un mois maintenant. C'est fou comme le temps passe vite quand on y pense.

C'est ça ! Rattrape pas comme tu peux, raclure.

Bon, vu mon retard, je vous fais grâce d'un interminable préambule garnie de circonvolutions en tout genre pour me consacrer à l'essentiel. 

OK ! Alors, Gérardmer, c'était vraiment de la daube, oui ou m... ?

Sans apporter un jugement aussi direct et simpliste, je vais développer via quelques micro-critiques des films vus quelques impressions tout à fait subjectives ressenties là-bas. Je vais m'attarder un peu sur les à-côtés, avant et après la projection. Il est important parfois de rappeler le contexte de visionnage des films. D'ailleurs, afin de ne pas heurter les esprits sensibles, je vais éviter d'employer certaines expressions qui furent utilisées à outrance durant le séjour (oui, je dois m'auto-censurer... un peu)

Mercredi 29 janvier 2014 - Ouverture du festival


     Nous le savons et nous le répétons : il est loin le temps du prestigieux Festival International du Film Fantastique, le temps où l'on se prenait des claques cinématographiques monumentales, l'époque d'Avoriaz, l'Age d'or et des Grands Prix à Spielberg ou De Palma. Bien sûr, les temps changent ma bonne dame. La concurrence est désormais rude entre PIFF, BIFF, NIFFF, Étrange Festival, etc... Dans ce partage de poire et de fromage, Gérardmer est relégué au second plan. Ses organisateurs se contentent alors des quelques miettes qui traînent pour constituer une sélection. Souvent, ce sont des croûtons moisis. Parfois subsistent de petites pépites. Elles sont rares, mais elles existent. 

     Chaque année, malgré les baisses qualitatives successives, le charme unique de l'endroit incite un noyau pur et dur de festivaliers à revenir faire un pèlerinage pour maintenir Gérardmer au dessus de son lac.

   Ce matin, au moment du départ, je me surprends d'ailleurs à avoir le sourire. Retrouver le décor champêtre et enneigé vosgien est sans doute la première (et unique?) raison de filer à la fin du moins de janvier. 

Mon arrivée sur le lieu vient confirmer ce doux sentiment passager. Je retrouve mes bons vieux camarades en un mercredi ensoleillé et agréable. Thomas, notre chef de file auto-proclamé, nous a réservé un joli chalet avec vue sur la ville et son splendide lac. Quant à l'intérieur, c'est Bysance : TV écran géant, lecteur Blu-ray, jeux de société à gogo, baignoire qui fait des bulles, tout plein de chambres,... J'y retrouve une (petite) bande de potes, fans de cinéma de genre, mais préférant cette année profiter du cadre idyllique  que de l’événement lui-même. Je sens de suite qu'en dehors de la luge avec Matthieu, du sport matinal avec Arnaud ou de mater Titanic 3D dans le chalet avec Florent, la motivation pour le festival lui-même est quasi-nulle.


Faut dire que le thème de cette année est "INVISIBLE".  Une peu comme l'ambiance là-bas...
La corvée du jour consiste d'ailleurs à retirer notre accréditation l'après-midi. On jette vite un coup d’œil sur la programmation, planning de ces trois prochains jours. Bon... On se souvient du petit coup de gueule de Christophe Lambert l'an dernier à propos de la sélection. Et bien 2014 ne semble pas avoir changé la donne. 
A part deux-trois titres qui titillent notre curiosité, nous sommes dépités. Quasiment que des premiers films de réalisateurs débutants sont présentés cette année. Les grosses sorties attendues sont rarissimes, ou tronquées. La suite de 300, par exemple, est présenté... mais uniquement ses 13 premières minutes (WHAAAAAA ! La classe américaine !) Peut-on faire plus grotesque ? OUI ! Le quart de la sélection sera uniquement présenté en version originale non sous-titré. Sympa.
       Sur ce, Arnaud commence à pousser une gueulante d'anthologie en public et en présence d'un pauvre intermittent du spectacle grimé en homme invisible et engagé pour le festival. Hilarant ! Et un peu gênant aussi... On songe déjà à rendre notre badge tout juste obtenu. Même Thomas, éternel optimiste, a bien du mal à rassurer la troupe. Cela dit, nous nous rendons tout de même à l'Espace Lac le soir-même pour la cérémonie d'ouverture. 
Sans panache
Après une ellipse de deux heures dans le froid et le crépuscule, nous débarquons dans une salle bondée par la presse et les officiels.

Passons sur les sempiternels discours de circonstances, éloge du cinéma de genre plus proche de Horst Tappert que de Tobe Hopper, et sortons de la léthargie pour la présentation du jury : Kim Chapiron (aka le mec de Ludivine Sagnier. Salaud !), Alain Damasio, Roxane Mesquida, Juan Solanas (le mec derrière Upside Down... aïe) Fidèle à sa réputation, Béatrice Dalle brille par son absence, mais ça on s'en pète comme mes lacets de chaussures (que j'ai vraiment pété le soir-là avant la cérémonie, la poisse jusqu'au bout !). 
       Et voici le discours du président Jan Kounen. Impressionné par la liste de ses prestigieux prédécesseurs, il nous promet un Grand Prix affreux, sale et touchant. En gros, sa description va carrément à l'encontre de tous les derniers Grands Prix, Mama en tête. D'emblée, quelque chose me dit que ça ne va pas forcément plaire à tout le monde.


MINDSCAPE – Jorge Dorado – Espagne – HORS COMPÉTITION
 En guise d'apéritif, on nous présente le travail d'un type qui a déjà œuvré pour Pedro Almodovar, Guillermo Del Toro ou encore Baz Luhrmann en tant qu'assistant réalisateur. Son long métrage promet un travail solide sur le plan visuel. Avant séance, le réalisateur se la joue modeste et, premier film oblige, réclame notre indulgence. C'est bien mal nous connaître, mais enfin bon. 
Le film est bien sage, n'évite pas les passages convenus qui gâchent l'ensemble et demeure assez prévisible. Mais que Jorge ne se fasse pas de bile. Pour une première fois, le résultat est joliment troussé et constitue un honnête petit thriller au scénario plutôt solide, bien que classique, et émaillé de trouvailles esthétiques sympathiques et discrètes. Il nous narre une histoire d'hypnose au bord du film noir, de plongée dans les souvenirs, d'enquête paranormal et de voyage dans l'inconscient. Rien de bien folichon sur le papier. D'autant plus qu'on connaît par cœur la formule déjà génialement exploité dans les œuvres barrées de Satoshi Kon (repose en paix à jamais) ou plus récemment encore dans Inception du plus consensuel Christopher Nolan. 

           Ça commence petit, mais ça commence bien. On rentre directement au chalet pour profiter de l'essentiel : la TV écran plat géant en 3D ! 
         On préfère se taper un best-of basique animé par Foucaud que de profiter de la rétrospective consacrée au réalisateur coréen Kim Jee-woon avec I Saw the Devil. Toutes les œuvres connues sont d'ailleurs programmées (Deux Sœurs, Le Bon la Brute et le Cinglé), sauf ma favorite : A Bittersweet Life
            Encore la poisse !


Jeudi 30 janvier 2014 – Deuxième jour


         Réveil difficile. Déjà la flemme de chopper la première séance du matin à 9 heures. Un film d'épouvante nommé Static. Faut dire qu'on a veillé cette nuit jusque pas d'heure, et on se sent trop mou pour affronter des jump scares putassiers aux aurores. Pas de regret visiblement, le film s'est fait conspuer par les quelques braves qui se sont sacrifiés.




 On attaque donc la journée avec un film d'auteur lent et triste :


HALLEY – Sebastian Hofmann – Mexique – HORS COMPÉTITION
Bonne petite surprise. Halley est un premier film assez exigent, un drame glauque et fantastique parsemé d'humour noir. Curieux long métrage qui prend tout son temps et qui présente un personnage de mort-vivant (ou vivant-mort) assez original. Nous connaissons ces vieux vaudevilles ringards où les personnages planquent un cadavre encombrant. Ici, notre héros est lui-même le macchabée et il tente de cacher sa situation aux yeux de tous à l'aide de maquillage et de parfum. Il ne peut échapper à la décomposition qui gagne du terrain et à l'indifférence de la société contemporaine.
Très éloigné des clichés liés au zombie, le personnage évoque la figure du martyr. En outre, son corps décharné comporte des stigmates profonds et écœurants qui ne sont pas sans rappeler ceux du Christ. 
       A peine sorti de la séance, on déblatère sur les diverses questions laissées en suspens par ce drôle de petit film. Mine de rien, il ravive en nous une flamme qu'on pensait éteinte. Et si cette année, on voyait des films intéressants ? Un peu prématurée comme pensée, mais qui sait ? D'autant plus que le film suivant est réalisé par un type que j'admire beaucoup. Du moins, que j'admirais jusqu'à présent... 


ALL CHEERLEADERS DIE – Lucky McKee Chris Sivertson – États-Unis - HORS COMPÉTITION
C'est une douche froide. Le mot « déception » est de mise. Je ne connais pas Chris Sivertson et je n'ai pas vu le film de 2001 qui a inspiré ce remake homonyme. Mais j'aime beaucoup Lucky McKee, May, The Woods, The Woman, sans oublier son épisode pour Masters of Horror (saison un). A chaque fois, je me laisse surprendre par le ton décalé des œuvres de cet auteur indépendant, féministe et suscitant parfois la polémique. 
      Sauf que là, il n'y a vraiment pas de quoi. En dehors de son entame prometteuse, l'histoire finit par agacer assez rapidement. C'est lourd, étiré, mal écrit et très puéril. Parodiant le teen-movie horrifique et décérébré, les réalisateurs tombent dans l’abîme du gros Z qui tâche. Certes, c'est assumé, mais en vain. Quant aux personnages, ils sont à baffer. Notons tout de même la plastique avantageuse des interprètes. Mais depuis quand les filles bonnes font les bons films ? (hum, désolé)
      Oublions la chose et penchons nous à présent sur le cinéma asiatique. Le premier film vu de cette compétition sera hong-kongais. 


RIGOR MORTIS – Juno Mak – Hong Kong - COMPÉTITION
Difficile d'aborder en quelques mots cette fascinante expérience visuelle.  Ce véritable OVNI hong-kongais est réalisé par un vrai touche à tout : chanteur, acteur, réalisateur, scénariste... Son premier long métrage est à l'image de sa carrière hybride.  Juno Mak mélange les registres et les références dans un imbroglio de petites histoires prenant source dans un hôtel inquiétant. Le pitch laisse supposer un schéma d'épouvante classique et très influencé par le J-Horror nippon, notamment celui de Hideo Nakata (auteur de Ringu et Dark Water) ou de Takashi Shimizu (auteur de Ju-on et d'ailleurs producteur du film). Effectivement, le film comporte son lot de spectres chevelus typiquement japonais, mais le réduire à ces motifs serait une belle bourde.   
    Dans une mise en scène constamment inventive et parfois époustouflante, le réalisateur mélange épouvante, kung fu, religion taoïste, réflexion métaphysique et onirisme. Le tout nous évoque le cinéma hong-kongais des années 80, dans la lignée de Mr.Vampire. Toujours au bord de l'indigestion d'intrigues alambiqués, de personnages glauques et de situations surréalistes, cette expérience visuelle évoque aussi bien Histoire de fantômes chinois que L’Échelle de Jacob d'Adryan Line. Sacré mélange. Rigor Mortis a reçu un prix spécial du jury bien mérité. 
"Bah moi, j'ai rien compris. J'ai trouvé ça mauvais." Quand notre cher Florent juge un film, c'est toujours loquace. Le voyage vers l'Asie l'a laissé plus que dubitatif comme vous pouvez le constater. Remarquez qu'il risque de laisser sur le carreau bien d'autres spectateurs. Qu'à cela ne tienne ! Ce film mérite un "BON" dans l'urne des votes du public, rien que pour son parti-pris esthétique assez prodigieux. Quelques minutes plus tard, nous déboulons au Casino, cinéma très confortable au demeurant, pour mater un film d'épouvante français en langue anglaise. 


DARK TOUCH – Marina De Van – France, Irlande, Suède - COMPÉTITION
Cette coproduction singulière est repartie brocouille de Gérardmer. Dommage. Une fois n'est pas coutume, il ne s'agit pas d'un premier film. La réalisatrice de Dans ma peau (pas vu) ou Ne te retourne pas (non plus) présente pourtant sa dernière création comme sa première véritable immersion dans le cinéma de genre.  En effet, le début du film fleure bon le Poltergeist du dimanche : une famille est victime d'une maison apparemment habitée par une force maléfique incontrôlable... On voit venir les clichés : un énième film de vieille baraque hantée avec des esprits qui s'emparent de pauvres gamines qui vont trinquer, jump-scares débiles à la rescousse. Et pourtant, au bout de dix petites minutes, le film se lâche dans tous les sens du terme et déjoue les attentes. Un bon twist plus tard, on bascule dans un autre genre, beaucoup moins exploité au cinéma. Je ne vous dirai pas lequel de peur de spoiler. Mais Brian De Palma en a tiré un classique du cinéma d'horreur... Hahaha, lequel ? 
(ça se déroule dans un lycée) 
(Il y a un bal à la fin) 
(oh, tiens ! Un remake pourri est sorti il y a deux mois...)

(en fait, la référence est lisible sur l'affiche. Ce qui est un peu crétin, car ça gâche la surprise) 
Sans parvenir à égaler le "modèle", la réalisatrice  signe un film hybride, à mi chemin du drame psychologique et du thriller horrifique.  Autant vous avertir : la fin est ultra-perturbante et moralement très discutable. Le dernier acte pousse son sujet très loin, sans doute trop loin, et suscite le débat. Au moins, la réalisatrice a proposé quelque chose de radical. Qu'on aime ou qu'on rejette tout en bloc, Dark Touch ne peut laisser de marbre, même s'il ne m'a pas totalement convaincu. 

"Bah moi, j'ai trouvé ça à chier !" Quand notre cher Florent juge un film, c'est toujours catégorique. "En plus la gamine, j'avais envie de la baffer !" De mon côté, après oscillation, je décide de lui accorder un "BON". Malgré ses menus défauts, ce Dark touch ne m'a jamais ennuyé et les fortes réactions qu'il a suscité ont le mérite de nous avoir un tantinet secoué. 
       Nous nous dirigeons à présent vers le petit cinéma rustique du coin (le cultissime Paradiso, avec ses toilettes impressionnantes dont on ne discerne pas le fond) pour mater, avec toute la bande réunie, un giallo. Et quel giallo, mes aïeux ! Que Mario Bava nous protège, car le film que nous nous apprêtons à regarder en toute innocence sort tout droit de l'esprit d'un malade conçu dans les flammes sataniques attisées au plus profond des limbes des Enfers !



SONNO PROFONDO – Luciano Onetti – Argentine – HORS COMPÉTITION (encore heureux)
Profondément sonné. Voilà l'état qui vous attend suite au visionnage de ce faux-vrai giallo argentin à l'esthétique gerbante. Vous êtes prévenus, les copains. Je ne vais pas m'étaler sur le sujet outre mesure, mais sachez juste que ce "film", que je range sans vergogne dans la sainte catégorie des "bouses à éviter à tout prix", nous a valu des scènes d'engueulades absolument mémorables entre amis.  
        Vous connaissez le tableau. D'un côté, il y a le groupe A,  celui qui n'a pas froid aux yeux et défend envers et contre tout le parti pris atypique et original des films conceptuels maladroits mais sincères. De l'autre côté, le groupe B, celui des cyniques et des blasés, qui se gausse des amateurs fauchés sans talents ni idées. Il m'arrive à l'occasion de naviguer entre les deux camps. Mais cette fois, il n'y a pas de compromis possible.  Sonno Profondo pompe allègrement ses références dans l’œuvre des vieux maîtres du giallo, puis les passe dans la moulinette de la laideur et du ridicule profond. Essayer donc de le comparer avec le sublime Profondo Rosso (aka Les Frissons de l'Angoisse) de Dario Argento. Rigolade assurée ! Mais je m’amuse moins quand j'apprends que ce "film" a déjà été récompensé dans certains festivals. Ce qui confirme que certains goûts sont dans une nature située près d'une décharge toxique hautement radioactive. 
      Attention : ne pas confondre Profondo Rosso de Dario Argento avec Porco Rosso de Hayao Miyazaki (qui n'ont certes aucun point en commun mais comme certains confondent les deux titres... si, si ! Pas vrai Thomas ?)

Générique de fin – sortie du cinéma Paradiso – un échange endiablé s'engage entre deux hommes : d'un côté Aurélien (A) et de l'autre Thomas (T)

A : Mais qu'est-ce que c'est que ça ? C'est atroce ! C'est laid ! C'est une torture !
T : Ha non, pas du tout ! J'ai trouvé ça fascinant.
A : !? ... Attends (un temps passe) Tu te fous de ma gueule ?
T : D'ailleurs, je te remercie d'avoir pourri la séance en ricanant durant tout le film. Merci monsieur !
A : (encore un temps) OK ! Alors, primo : je me marrais pas, j'étais consterné. Deuxio : mon rire, c'était nerveux. De l'auto-défense face à la bouse infernale qui défilait sur l'écran. Puis d'ailleurs, excuse-moi, mais à part être totalement infect, c'était du vrai nanar hardcore. 
T : J'ai trouvé que c'était original et doté d'un vrai point de vue. 
A : Original ? Le mec a tout pompé sur les autres. Et il tente de nous faire passer des images tournées en numérique totalement hideuses en morceaux de pelloches des années 70. 
T : Écoute Aurélien... Tu vois, moi je regarde le film pour ce qu'il est. On est en 2014 et ça fait plaisir de voir que certains amateurs se lancent dans le domaine de la réalisation juste porté par la passion.
A : Soit, le mec est passionné par le giallo. Je veux bien. Mais qu'il en dégoûte pas les autres ! 

        Et caetera... et caetera... Ce débat ne prendra jamais fin. A tel point qu'il finira par chauffer les oreilles de tout le groupe au complet. Florent nous insultant dès qu'on abordera à nouveau cette polémique (et vous connaissez son franc-parler). Notre belle entente prend fin à partir d'ici. Désormais, chaque fin de séance s'accompagnera de bagarres sans pitié et tout nous renverra à Sonno Profondo, ce cauchemar. Heureusement, le festival est court. Une semaine de plus, on se serait empoigné et jeté dans le lac. 


Bientôt minuit. Plus le courage d'affronter le film espagnol L'Emprise du Mal. Tant pis. Ou tant mieux. Nous ne le saurons jamais... 



Vendredi 31 janvier 2014 – Troisième jour

     Le Soleil vient de se lever. Encore une belle journée. Aucune anecdote particulière à vous raconter. Mis à part sur Thomas, notre gentil cinéphile humaniste, qui laisse tout de même ses amis du petit-déjeuner nettoyer ses traces de Nutella sur la table. Et l'ami du petit-déjeuner, c'est moi ! 

       J'espère qu'il rougira de honte à la lecture de ce message. Ça l'apprendra à défendre des passionnés argentins. Allez, j'arrête de faire mon malinois et je passe du tac au tac aux films du jour : 




THE STATION – Marvin Kren – Autriche – HORS COMPÉTITION

        Un film d'horreur autrichien à la The Thing, mais remplaçant l'Antarctique par les Alpes et le monstre protéiforme flippant en série de petites créatures mutantes grotesques. Mais était-ce un film d'horreur sérieux, un pastiche censé être drôle (un Shaun of the Dead raté en quelque sorte) ou carrément une parodie transgressive ? Je l'ignore. 
      Visiblement, le jeune réalisateur avait des intentions bien élevées, mais financièrement très limitées. De toute manière, le script est bien trop faiblard. Cherchant à adopter un ton personnel, le film oscille constamment entre premier et second degré. Il alterne des scènes dramatiques rarement touchantes avec des moments de pures bouffonneries sans s’embarrasser de la moindre cohérence. Tout tombe comme un cheveu sur la soupe (mention spéciale aux explications scientifiques les plus WTF de l'année) et n'est guère palpitant. 
         The Station est un film médiocre et bancal, ne sachant jamais quel ton adopter et fait bien pâle figure face à ses illustres prédécesseurs. A noter que le film est sorti au royaume-Uni en DTV  et est renommé Blood Glacier

     C'était peut-être divertissant, certes, mais une fois sorti de la salle : ça ne vaut plus tripette ! Le film suivant a le mérite de nous sortir du territoire horrifique, rébarbatif à la longue, et de goûter un peu de S-F de derrière les fagots. 


THE MACHINE – Garadog W. James – Royaume-Uni – HORS COMPÉTITION

Pas foncièrement mauvais, mais aussi exaltant que du beurre fondu par 40° à l'ombre.
Cette histoire d'humanoïde nous renvoie forcément à de très grands noms de l'histoire de la science-fiction qui marquèrent notamment les années 80. Rien de moins, et excusez du peu, que Blade Runner de Ridley Scott, Terminator de James Cameron ou encore (et pas le moindre) Robocop de Paul Verhoeven. Ce dernier a d'ailleurs fait sensation en 88 au festival d'Avoriaz (soupir nostalgique). Je vous invite d'ailleurs à vous procurer la réédition toute récente en Blu-ray de Robocop. Enfin un bel écrin au film culte du Hollandais Violent. Au moins, le remake tout juste sorti, et plus ou moins conspué à tort ou à raison de tout côté, sert une stratégie marketing opportuniste fort louable. Je vous conseille chaudement cette galette bleue et scintillante avec un tas de bonus passionnants. On peut notamment mater une petite conférence captée l'an dernier, qui réunit les principaux protagonistes du film, resurgissant de nulle part pour l'occasion (Nancy Allen !). Où Peter Weller déclare sa flamme à un Paul Verhoeven toujours délirant et le tout se concluant dans une belle étreinte. C'est émouvant.
       Non, je n'ai pas été payé par la MGM pour cette promotion. C'est juste cadeau !
      Et oui, ça n'a rien à voir avec une critique de The Machine, mais permettez-moi quand même de combler le vide intersidéral laissé après la vision d'un film qui ne vaut ni d'être bâché, ni d'être sauvé. C'est tout public, mainstream et finalement très vite oubliable (en dehors de l’actrice assez jolie). Combler le vide avec du vent, c'est le meilleur moyen de chopper la crève. Je vous le déconseille donc, même aux fans de Hard S-F qui en ont déjà vu d'autres dans le domaine. Allez ! Passons à la suite, je vous prie.

Bah en fait, il n'y a pas vraiment de suite. On esquive volontairement le prochain film, à savoir We Are What We Are (remake de Ne nous jugez pas, déjà présenté à Gérardmer), pour aller vider des milk-shakes.
Il n'est que 16 heures, mais le rythme faiblit déjà. Je sens poindre la lassitude vorace au bout de seulement deux films. Le contre-coup des "médiocrités" matées précédemment sans doute. Il serait temps aujourd'hui de voir enfin un vrai bon film ! On recharge donc les batteries pour la prochaine œuvre en sélection officielle, qui n'est autre que... 

THE LAST DAYS ON MARS – Ruairi Robinson – Royaume-Uni – EN COMPÉTITION

 Encore un film de science-fiction (vu le titre en même temps). Dans la grande lignée d'Alien ou de The Thing, The Last Days on Mars s'inscrit dans le genre horreur de cette grande catégorie. Ici, point d'extra-terrestres belliqueux et protéiformes mais des zombies assez quelconques. Ou des infectés très enragés, si vous préférez. 
 Le scénario tient sur un timbre poste : une mission sur la planète rouge tourne au vinaigre suite à la découverte d'une vilaine forme de vie bactérienne soumarsienne (équivalent de "souterraine"). Je vous laisse deviner la suite. Ça ne vole évidemment pas aussi haut que Moon, malgré une introduction contemplative et planante.       
 Passée la "surprise" initiale, tout est prévisible. Si l'ensemble s'avère bien ficelé, nous ne sommes jamais vraiment surpris ni effrayés. Il flotte même un sentiment de gâchis quand, par exemple, l'un des rares personnages intéressants disparaît rapidement de manière idiote. Divertissant, sans plus.

      Le réalisateur du prochain film ? Sabu ? Comme Sabu Breitman ? Haha, trop lol ! Cette vanne, on a dû la faire une dizaine de fois là-bas. La misère s'empare de nous. Heureusement, malgré son titre un peu ridicule, Miss Zombie va sauver nos âmes de cinéphages en perdition. Comédien dans Ichi the Killer du fou filmant Takashi Miike, Sabu n'est pas un débutant dans le domaine de la réalisation. Tout comme Shinya Tsukamoto (auteur de Tetsuo qui figurait lui aussi dans le film de Miike), il réalise ses films dans une indépendance totale, avec peu de budget et loin de toute convention. Ça promet !

MISS ZOMBIE - Sabu - Japon - EN COMPÉTITION

Voici donc le Grand Prix du festival. Lors de la cérémonie de clôture, la majorité de l'assistance a accueilli cette nouvelle avec froideur et répulsion. Cependant, une minorité apparemment très élitiste s'est levée et a entamé une joyeuse ola. Somme toute, notre groupe et quelques autres braves spectateurs disséminés dans la salle réservèrent en effet un accueil très positif à ce petit film japonais indépendant que personne n'attendait vraiment. Certainement pas le public de Gérardmer en tout cas...     
Sans nul doute le film le plus mal-aimé du public, le plus sous-estimé de la compétition cette année. Ce rejet général du film me semble complètement démesuré. Au risque de paraître présomptueux, c'est le meilleur film que nous ayons pu voir là-bas. Alors, pourquoi ce grand écart de jugement entre le public et notre petite bande ? Il est intéressant de se pencher sur cette question. Miss Zombie ne suscite que l'ennui et le dégoût auprès du « grand public », car il paye avant tout son côté décalé et dérangeant. Il ne suit jamais la norme avec son approche originale et arty du personnage de zombie. Créature horrifique ultra-populaire et souvent galvaudé, sa représentation chez Sabu ne répond à aucune velléité populiste et commerciale. Le film refuse donc l'effet gore trivial et le jump-scare à la mords-moi-le-jonc. Oui ! Je suis énervé, alors j'emploie des expressions archaïques de 1903. Je peux comprendre qu'on ne veuille pas aimer ce film très particulier. Mais de là à le rejeter en bloc, le conchier et lui cracher à la gueule avec dégoût... Point trop n'en faut. Quant au site de MyLorraine, il se contentera d'une formule assez dédaigneuse : "(Le Grand Prix) ne nous a pas convaincu." Point. Et c'est tout ? Ha non ! C'est un peu court jeune homme ! On pouvait dire... Oh ! Dieu !... bien des choses en somme. 
 Miss Zombie suit une histoire simple et épurée. Hiroyuki Tanaka, alias Sabu, nous raconte le chemin de croix de Sara, une femme zombie, contrainte de récurer quotidiennement la terrasse d'une famille bourgeoise. Devenue esclave de sa condition physique et sociale, elle doit aussi subir les regards haineux et avides des vivants. De cette histoire minimaliste, Sabu puise une réflexion passionnante et récurrente au sein du cinéma d'auteur japonais. Il dresse un portrait satirique et amer d'une société inhumaine en totale décomposition, entre rapports sociaux aliénants et manque de communication. Ce sujet profond est juste transcendé à l'aide d'un noir et blanc absolument sublime et par une mise en scène ultra-soignée, qui confère à chaque détail une importance majeure et une ironie mordante. Sans oublier que le film apporte une vision fraîche et innovante à un genre appauvri. Je vous encourage fortement à vous plonger dans ce film atypique et minimaliste.

Cette fois, pas de tergiversation possible. Je glisse un bulletin « EXCELLENT » dans l'urne en sortant de la salle. Je me tourne vers la bande et ils ont fait de même. Ce consensus est suffisamment rare pour être souligné.
Après un début de journée franchement poussif, la qualité des films fut croissante. Une fois de plus, un film asiatique sort du lot après l'étrange Rigor Mortis. Nous décidons d'en rester là pour aujourd'hui. Sur la dizaine de personnes entassées au chalet, nous sommes tous peu ou prou fortement convaincus par Miss Zombie. Nous lui prévoyons d'ailleurs un Prix de la critique (qu'il n'aura finalement pas). Nous sommes pourtant loin d'imaginer que dans cette fameuse boîte comptabilisant les avis du public se sont entassés autant de « MAUVAIS » bulletins. 
      Faisons fie des pisse-froids. La soirée s'achève en compagnie de Matthieu, qui s'enflamme bientôt à propos de la VF calamiteuse de Prince of Darkness de Big John. On finit par louer le grand Lovecraft, Chtullu, Nyarlatothep et La Couleur tombée du Ciel. De quoi se préparer de beaux rêves pour la nuit... 


Samedi 1 février 2014 – Quatrième jour


INTÉRIEUR/JOUR - Chalet - 9 heures du matin dans le salon/cuisine - premier réflexe après une bonne douche : LE CAFÉ. J'entends derrière moi un homme se lever du sofa. Il regarde l'heure et prononce d'un ton romain :
"Bon bah... dans le cul Dark Touch !" 

Premiers mots entendus ce samedi matin, prononcé par un Martin à peine éveillé et ayant passé une nuit approximative sur le sofa. Comme tant d'autres nouveaux arrivants, l'ami Martin débarque à Gérardmer pour le week-end et pour la "Nuit Fantastique", tout en profitant des séances de rattrapage. L'ultime projection du film de Marina de de Van se pointait aux aurores. D'où l'expression fleurie de notre ami si jovial. Quelle idée aussi de démarrer la programmation aussi tôt, suite à des séances si nombreuses et tardives la veille ! Bon, ce n'est aucunement un reproche adressé à l'encontre de l'organisation du festival, mais plutôt notre flemme qui s'exprime. 


Bon gré mal gré, Martin doit se contenter de suivre notre bande, désormais épaissie, et qui se prépare à voir un film français réalisé par un très jeune homme de 25 ans. Le scénario est signé par le grolandais Benoît Delépine, aka Michael Kael, alias "le journaliste qui 'cule un mouton". Vu la carrière cinématographique du type, on peut s'attendre à une œuvre très, très spéciale. 

ABLATIONS – Arnold de Pascau – France – EN COMPÉTITION

Et nous fûmes un brin déçus. Malgré toutes les intentions honorables et les qualités évidentes du film, Ablations laisse un goût de trop peu après-séance.
      Suite à une nuit arrosée, 
le trublion et très sympathique Benoît Delépine était persuadé qu'on lui avait volé un rein. Il s'est mis alors en tête de tirer de cette anecdote un récit assez parano, celui d'un homme ordinaire se réveillant quelque part suite à une soirée arrosée et qui constate qu'on lui a volé un rein. Évidemment, le personnage fait tout pour retrouver le voleur, quitte à y perdre sa santé mentale. Delépine confie son scénario à un réalisateur débutant, fan de Roman Polanski et de David Lynch.
Tout est en place pour offrir au spectateur une expérience étrange, drôle et troublante. Le casting est irréprochable ; la mise en scène est prometteuse. Mais le résultat manque sérieusement de folie, d'audace, de corps, au point de susciter un léger ennui. Malgré une entame réussie, l'intérêt décline peu à peu. D'autant plus que le mystère fait long feu. Mais mea culpa, la promesse d'un mélange entre Le Locataire et Blue Velvet m'a sans doute fait placer la barre bien trop haute. Ablations ne nous offre qu'une petite brise sympathique au lieu de l'ouragan furieux et incontrôlable attendu. Il est néanmoins recommandable. 
Arnold de Pascau est très prometteur. Son premier long métrage alterne idées visuelles brillantes et figures de style superflues, mais n'est pas plan-plan. Malheureusement, l'essai aurait pu être marquant si le maître d'oeuvre avait tiré bien plus de jus de son script. Il est curieux que Delépine ne se soit pas lui-même lancé dans la réalisation de son propre projet, en compagnie ou non de Gustave de Kervern. Les deux compères ont déjà signé des films situés dans des univers barrés, glauques et poétiques plus remarquables et personnels.

Involontairement, Martin et moi perdons notre groupe à l'heure du déjeuner. Peu accablé par cette séparation impromptue, on décide de se restaurer avant d'attaquer la prochaine séance. Rejoint par l'inénarrable Thomas, on se rabat par dépit sur Patrick
Pendant ce temps-là, le reste de la bande assiste à la Compétition Courts-Métrages, chose qui ne m'attirait pas vraiment. Oui, je préfère quand c'est long. Notons tout de même que le Prix a été remporté par The Voice Thief d'Adan Jodorowsky (fils de), avec Asia Argento, et c'est bien le seul film que je regrette avoir loupé durant le Festival (avec un autre aussi, mais je vais y venir). 

PATRICK - Mark Hartley - Australie - HORS-COMPÉTITION

La grosse poilade de Gérardmer 2014 est signée par un réalisateur australien, Mark Hartley. Loué soit son nom ! Il signe le remake d'une bonne petite série B homonyme de 1978 et transforme le thriller oppressant originel en un petit nanar de fort bon aloi. 
Ce bijou devrait être montré dans les écoles de cinéma pour faire comprendre aux étudiants l'art si délicat du jump-scare. Je pense que ce film contient les effets de sursaut parmi les plus inefficaces, clichées, débiles et hilarants de l'histoire du Cinéma. Certains séquences valent vraiment leur pesant.
A voir entre amis lors d'une soirée spéciale nanarophile !

Après cette parenthèse inattendue et fort sympathique, nous patientons deux heures dans la file d'attente pour voir le film événement de cette édition : l'unique projection du dernier film des auteurs d'Amer. A savoir... 

L’ÉTRANGE COULEUR DES LARMES DE TON CORPS - Hélène Cattet & Bruno Forzani - Belgique, France & Luxembourg - HORS-COMPÉTITION

Longue expérience visuelle surréaliste-poétique d'une beauté transcendantale pour les uns ou onanisme maniériste qui se la pète à mort plus haut que son "vous savez où" pour les autres. Et c'est ainsi que nous retrouvons nos deux camps ennemis de spectateurs. Une fois n'est pas coutume, je ne sais honnêtement pas à quel saint me vouer. Néanmoins, contrairement à un Sonno Profondo qui n'apporte strictement rien au giallo à part la cinétose, L’Étrange Couleur de Bidule a le mérite d'aller au-delà du genre et des références cinéphiles. Son principal défaut est peut-être de suivre le même trajet qu'Amer, imposant à nouveau le même style, sans véritablement chercher à innover. Même si L’Étrange Couleur des Machins est encore plus radical que son aîné. 
Voici le pitch : Une femme disparaît. Son mari enquête pour la retrouver. Ce sont les cinq premières minutes du film... et ensuite, on ne comprend plus rien du tout. C'est le but assumé des auteurs et croyez-moi : ils ont réussi les petits polissons. Tout le reste du film est un plongeon dans un univers à la Suspiria. La Villa Majorelle de Nancy devient un mystère inexpugnable. Ce décor de verres reflète dans un prodigieux maelström sonore et visuel, tantôt magnifique, tantôt irritant, le subconscient des personnages. 
Beaucoup de spectateurs n'ont même pas tenu la première demi-heure. 
En définitive, si vous n'aimez pas Amer, ne tentez même pas celui-ci. Si vous avez aimé Amer, vous allez soit adorer, soit être un poil déçu par l'impression de "redite". Si vous n'avez pas vu Amer et voulez des sensations inédites sur grand écran, allez voir L’Étrange Couleur de Trucmuche 
Il est sorti mercredi dernier dans très peu de salles, certes. Je ne suis pas fan du tout, soit. Je trouve beaucoup de limites à l'exercice, mais j'encourage les prises de risque et suis bien content qu'on puisse produire ce genre d'OVNI de nos jours. En France qui plus est... 

      « Bon. Bah, dans le cul "Babadook" ! Et tout ça, à cause de quoi ? A cause de "L’Étrange Couleur tombée de mes (censuré)" !» 

      Cette phrase n'est ni de Florent, ni de Martin (les poètes du groupe), mais de moi. Oui, je craque complètement. L’Étrange Odeur des Larves de Mes Porcs m'a tué. Je suis pris par la faim, le froid, la fatigue et la déception de rater le film australien en compétition : The Babadook de Jennifer Kent. On pensait pouvoir naïvement enchaîner les deux films à la suite, mais la queue gigantesque, qui s'est déjà constituée avant notre arrivée, est de mauvais présage. Cette fois, nous ne pourrons pas entrer dans le cinéma et décidons de tout envoyer balader (la dernière séance de We Are What We Are, inclus) pour accueillir une pote qui débarque le soir-même et se gargariser d'une bonne fondue au munster dans le resto du coin. En attendant "La Nuit Fantastique" vers minuit, autant faire le plein. 

       Je profite de ce temps de ravitaillement pour rappeler le principe d'une "Nuit Fantastique" à Gérardmer. Du Samedi soir au Dimanche matin sont projetés dans la salle principale des films bis, des nanars, des perles déviantes, du V-Cinéma... Bref ! Tout ce qui est (ou censé être) fun. Il n'en a pas toujours été ainsi. Il y a quelques années, on pouvait voir de très grands classiques du cinéma d'horreur suivant un thème choisi. Désormais, c'est plutôt du grand déconnage pour tous ceux qui veulent mettre un peu d'ambiance à un festival qui roupille sagement. Et c'est cool ! Du moins sur le papier, car pour être honnête, ça ressemble plus à "La Nuit Excentrique" du pauvre qu'à autre chose. Il y a certes de l'ambiance, mais l'animation est quasi inexistante et le choix des films laissent parfois à désirer. Quand ce ne sont pas les spécialistes de Nanarland qui programment, c'est forcément moins bien. 

         Le premier film démarre et... Diable, il pleut des requins !

SHARKNADO - Anthony C.Ferrante - Etats-Unis - HORS COMPÉTITION

Pas la peine de paraphraser ce qui a déjà été dit par Gégé dans sa critique d'Avalanche Sharks. Rien à ajouter à propos des films produits par Asylum. Celui-ci mérite peut-être son qualificatif de nanar. De là à dire qu'ils sont des incontournables du genre, j'en doute fortement. D'autant plus que les producteurs de ce machin agissent en connaissance de cause, en bons opportunistes qu'il sont. Des nanars, certes, mais fabriqués volontairement. Des nanars fourbes en somme, qui ne sont en vérité que de grosses daubes malhonnêtes. Bref... 
Cette problématique du nanar mériterait un long développement complexe. Cet article est suffisamment interminable comme ça et je m’empresse d'avorter la question (pour l'instant).    

     L'ambiance de la salle fut tout de même au rendez-vous, quoiqu'un peu timorée. A tel point d'ailleurs que cette "Nuit Fantastique" se limitera pour beaucoup à cette seule et unique projection laborieuse. Tant pis pour Big Ass Spider et Bounty Killer, les purges suivantes. Pressé de retrouver nos pénates, on quitte la salle comme des péteux au bout d'un seul film, laissant derrière nous les plus courageux. C'est un peu la honte quand même...




Dimanche 2 février 2014 – Dernier jour


      Et nous attaquons la dernière ligne droite avant la Cérémonie de Clôture. Il faut tout donner, même s'il ne me reste plus grand chose. La preuve :



ALMOST HUMAN - Joe Begos - Etats-Unis - HORS COMPÉTITION
      Ce film n'a strictement rien à voir avec la série T-V américaine homonyme. 

       Et tiens donc, encore un premier film ? Quelle surprise !

    L'histoire raconte l'enlèvement extra-terrestre de Mark, jeune américain m
oyen, qui réapparaît deux ans plus tard métamorphosé en tueur monstrueux. Son ancien meilleur ami va devoir affronter cette menace. C'est aussi simple que ça et, malgré les nombreuses maladresses, c'est plutôt gore et efficace. 
       Visuellement et musicalement, l'ombre de John Carpenter plane dès l'apparition du générique. On ressent une influence très Prince of Darkness. Souvenez-vous, on en parlait deux jours plus tôt avec Matthieu. Après The Station qui singeait très maladroitement The Thing, Almost Human prend le même chemin avec tout de même un premier degré respectueux et salvateur, en y ajoutant quelques ingrédients d'autres gros classiques de la S-F/Horror. On pense à L'Invasion des Profanateurs de Sépultures, à son remake de 78 en particulier.     
      Evidemment, ce premier film n'arrive pas à la cheville des références pré-citées et tombe parfois involontairement dans le grand-guignol. Mais on sent qu'il est porté par une vraie sincérité et l'amour du genre.  

       Nous nous dirigeons à présent vers le dernier film qui figure en compétition et que nous ne pourrons pas louper. Sur ce, je rajouterais : "et c'est bien dommage !" Mais je ne serai pas si médisant.

THE SACRAMENT - Ti West - Etats-Unis - EN COMPÉTITION
         Il est étonnant que la sélection ait été aussi avare en found-footage. Ils ont dû prendre en compte nos cris de rage de l'année précédente. Evidemment, on ne compte pas partir du festival sans s'en farcir au moins un, à savoir le dernier film de Ti West produit par Eli Roth.

      Contrairement au tas de bouses immondes et irregardables appartenant au genre de la "bande retrouvée", The Sacrament se base sur un sujet passionnant et très sombre : le pouvoir des sectes sur l'individu. L'histoire est tirée d'un fait divers gravissime, l'Affaire du Temple du Peuple, aussi nommé le Massacre de Jonestown, datant du 18 novembre 1978 et se basant au Guyana, où le révérend Jim Jones et 908 (ou 914 suivant les sources) de ses adeptes se suicidèrent en buvant du cyanure de potassium ou moururent assassinés. Ti West livre donc une relecture de cet événement via la fiction. Malheureusement, malgré tout l'intérêt que porte le sujet qui fait froid dans le dos et les qualités du film, le résultat m'a laissé indifférent et je me suis ennuyé comme un rat mort.
         Mon jugement est somme toute très personnel, mais j'accuse ce fichu found-footage d'avoir gâché la sauce. Cette mise en scène pseudo naturaliste, mais qui semble très artificiel, me sort littéralement du film. Je n'y ai pas cru une seule seconde. Pourtant, le sujet s'y porte bien. En effet, les héros du film sont des journalistes qui réalisent un reportage sur la secte. Or, ces personnages ont eux-mêmes existé dans la réalité et ont témoigné de l'horreur de Jonestown. Mais les bonnes intentions apportent leur lot d'inconvénients. L'aspect reportage fonctionne bien lors de la première partie, où l'on pénètre à l'intérieur de la communauté au fil d'interviews pleines de non-dits. Mais quand, dans la deuxième partie, le film sacrifie la cohérence du dispositif au profit de l'action et des clichés de mise en scène en found-footage, c'est déjà beaucoup moins convaincant. 
        Sans compter que Jacques Rivette, Serge Daney et les adeptes de la "morale du travelling" pourront toujours aller se brosser sur un cactus (enfin peut-être pas Daney, sauf s'il y a de la verdure dans l'Au-delà). Ici, Ti West montre l'agonie des victimes en gros plans insistants à la manière d'un film gore, sans aucune mise à distance. Sans vouloir jouer ma pleureuse, moralement parlant, c'est tout de même contestable. Du pur Eli Roth, en somme ! 
        Notons que ce film a reçu le Prix SYFY. Tant mieux pour lui.

     Il nous reste désormais à aborder la Cérémonie de Clôture du festival, beaucoup plus jouissive et décontractée que son ouverture morose. Mise à part la récompense suprême, Babadook a tout raflé sur son passage dans un consensus général. Prix spécial du jury ex-æquo avec Rigor Mortis, du Public, du Jury Jeune et de la Critique. C'est donc mon second regret du festival : avoir sauté une séance de rattrapage pour Babadook au profit de "La Nuit Fantastique" et de ses foutus requins volants ! Navré, je ne peux donc pas m'exprimer au sujet de Babadook, qui me semble dans la lignée des films d'épouvante ayant remporté le Grand Prix les années précédentes. Sauf que Babadook n'a pas eu le Grand Prix ! Bah oui. C'est dommage, hein ?


NANANÈRE !
        Saluons donc le jury qui tient sa promesse envers et contre tout en offrant le Grand Prix à Miss Zombie, qui correspond d'ailleurs en tout point au discours initial de Jan Kounen : sale, touchant et innovant. Et quel plaisir d'applaudir un film qui se fait conspuer de tous les côtés dans une salle bondée dans laquelle résonne le tube Zombie des Cranberries. 
        Jouissif ! Comme dit Arnaud : "C'est méga gangster !" (expression idiomatique qu'il n'a cessé de répéter pendant quatre jours jusqu'à overdose)

        Avant de fêter dignement cet événement inespéré, nous assistons à la projection du Film de Clôture présenté par la belle Roxane Mesquida. 

 KISSED OF THE DAMNED - Xan Cassavetes - Etats-Unis - EN COMPÉTITION
    Alexandra Cassavetes, fille de John Cassavetes et de Gena Rowlands. Il y a pire comme descendance. 
     Toutefois, la "fille de" propose une oeuvre qui n'a strictement rien à voir avec Shadows ou autre Femme sous influence. Elle raconte une romance érotique entre vampires de bonne famille. Du Twilight pour adulte avec des scènes de sexe explicites si vous voulez. La sélection manquait cruellement de "chaleur" à ce niveau. Cette carence est comblée in-extremis dans cette histoire assez basique mais dont le traitement nous renvoie aux films oniriques de Jean Rollin (donc pas Le Lac des Morts-Vivants). 

        Ainsi s'achève mon compte-rendu sur le festival. Peu importe les défauts d'organisation et toutes les déceptions, Gérardmer est surtout un gros prétexte pour se réunir entre amis et festoyer en se gargarisant de culture cinéphile plus ou moins déviante. Comme Matthieu le résume si bien, l'essentiel est de poser son "cul dans la neige autour du chalet" et "rire en chantant au nom de l'Amitié". Voilà la quintessence du Festival du Film Fantastique de Gérardmer !

       Il est maintenant 22 heures et la nuit enveloppe désormais la Perle des Vosges, bientôt débarrassée de sa horde de cinéphages trublions. Euphoriques, nous profitons de notre dernière marche le long du lac tout en prévoyant une ultime soirée pizza/jeu de société.  
      L'humeur du groupe est cependant rapidement refroidie suite à la nouvelle de la mort foudroyante de l'acteur Philip Seymour Hoffman. Repose en paix, acteur de génie. On vit dans une bulle durant cinq jours et, à chaque festival, on oublie que le monde continue impitoyablement de tourner. 

       C'est un brusque retour à la réalité... 

       Sans compter que le lendemain matin, avant de foutre le camp, il nous reste encore à nettoyer le chalet !


MUMU (du Haut-Canif)
Avec la participation des loustics : Arnaud, Florent, Martin, Matthieu 
et Thomas.
Et une grosse bise à toutes celles et ceux que je n'ai pu citer dans ce rapport fleuve
mais sans qui cet événement manquerait singulièrement de piment.

2 commentaires:

  1. Vous pouvez regarder les films dont vous avez besoin ici https://filmstreamingvf.bz/ Soit dit en passant, il y a une très grande sélection pour tous les goûts, je vous conseille donc de regarder de plus près.

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  2. Vous pouvez regarder différents films ici https://www.enstreaming.club/films/Ceci est un site assez décent que j'aime. Vous pouvez vous en familiariser vous-même, cela en vaut vraiment la peine et peut vous convenir.

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