DEUX MILLE ET QUELQUE JOURS
Un
défilé de genres, de looks, d'accoutrements et de figures -
physiques et poétiques, c'est ce que l'on trouve dans le nouveau
film de Jean-Marc Vallée.
L'arène
et les coulisses sont en prologue, avec une scène d'introduction
présentant Ron Woodroof (Matthew McConaughey) attendant son tour de rodéo.
Mais
sur quelle scène sommes-nous?
Fin
des années 80, le Sida fait des ravages.
Le
virus comme mauvais personnage d'une pièce qui débute. Une pièce
triste où les malades encore incompris sont testés avec
d'hypothétiques traitements.
Rats
de laboratoires presque, d'un cirque pharmaceutique où le clown
triste domine. On le retrouve plusieurs fois : entraperçu dans
un carton au milieu de la piste de rodéo; Rayon (Jared Leto) à demi démaquillé,
perruque en moins, devant son miroir; la petite statuette de clown
que regarde Ron à un moment.
C'est
l'ambivalence de la figure du clown : outrancier pour faire rire,
mais cachant une tristesse sous sa malchance et sa naïveté que je
suis sûre même les enfants ressentent – la preuve les clowns font
souvent peur aux enfants. Le clown triste est parfait pour faire voir
le cinéma de Jean-Marc Vallée. Une silhouette/corps qu'on ne peut
pas manquer car grossière, peinturlurée, la vie qui bouillonne
derrière cette couche maquillée. L'humour et la tristesse
condensés, dans une même situation.
Le
clown triste de cette histoire ne veut pas de placebos, et va
organiser la résistance de son côté, à sa façon. Et il est drôle
comme cette figure de cirque, parce qu'il est dans l'excès.
Les
corps racontent beaucoup chez Jean-Marc Vallée : on s'affirme
par son corps (C.R.A.Z.Y), on fait ce qu'on peut avec ce qu'on
a d'inscrit sur soi et que tout le monde voit et ne peut pas
s'empêcher de juger (l'enfant trisomique de Café de Flore).
Des physiques marqués par la différence, comme celui de Rayone, qui
se ballade fièrement devant tous mais qui une fois seul n'a plus la
force « Moi je peux ne pas t'aimer... Mais toi pourquoi tu
ne t'aimes pas? » demande
Ron à Rayon.
Dans
Dallas Buyers Club, les corps tour à tour déformés,
beaux, transformés ou révélés, sont les images fortes de
personnages qu'on « voit comme » dans ce que la société
et les temps nous poussent à voir, puis qu'on apprend à regarder.
Voir
et regarder. Deux choses différentes que nuançait déjà le
réalisateur dans Café de Flore. Voir dans un
premier temps, et puis regarder les interstices, les petites brèches
entre les choses et les gens.
Cette
ronde de visages et de corps abîmés, violentés, difficiles à
regarder, on ne les trouve pas beaux, monstrueux peut-être (le
visage de McConaughey qui se tord sous les plis lorsqu'il pleure pour
la première fois dans la voiture). Ils nous effraient. Si maigres
qu'ils en deviendraient transparents. Et puis ils se démaquillent,
ils se re-maquillent, ils se trouent, ils rougissent. On les trouve
beaux en fait, on voit tout ce qu'ils ont en eux. Le cowboy dégonflé
devient papillon, le temps d'une scène magnifique qui bat tous les
antidotes du monde.
Tant
de facettes évoluant sur une scène beaucoup plus mouvementée qu'un
spectacle de rodéo, avec beaucoup plus de bosses, de remous et de
chutes : une vie. Il faut dompter la bête, il faut tenir plus de
huit secondes, c'est le deal.
Ron
a réussi le pari d'être personnage de son spectacle plus longtemps
que lui prédisait le médical, et Matthew McConaughey et Jared Leto
réussissent à merveille leur pari cinématographique de s'inscrire
dans la suite des corps multiples développés et filmés par JM
Vallée – être à la fois morts-vivants, jolis fantômes, et
drôles.
DALLAS BUYERS CLUB - Etats-Unis - Jean-Marc Vallée - 2014 - avec Matthew
McConaughey, Jared Leto, Jennifer Garner
CHARLOTTE
Il me semble que c'est à l'école primaire qu'on apprend à faire des phrases, la grammaire, la syntaxe, toutes ces conneries là.
RépondreSupprimerDans Dallas Buyers Club, les corps tour à tour déformés, beaux, transformés ou révélés, sont les images fortes de personnages qu'on « voit comme » dans ce que la société et les temps nous poussent à voir, puis qu'on apprend à regarder.
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RépondreSupprimerJe vous conseillerai de regarder des films sur ce site https://streamingcomplet.video/ J'aime ça et je pense que ça convient, car c'est gratuit.
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